Le livre de Thibault Le Texier remonte aux origines de cette science du maniement des hommes, aujourd’hui enseignée et pratiquée dans le monde entier. Il note que les premiers manuels se structurent « autour des principes d’industrie et d’efficacité, mais ignorent largement celui de gain pécuniaire ». Le passage au management moderne se fera au prix d’une certaine désindividualisation et de la valorisation de l’efficacité, valeur primordiale dans le système de Taylor. Ce management correspond particulièrement bien à la société américaine, fondée sur « l’efficacité, le contrôle, l’organisation et le savoir rationnel ». Le chercheur s’interroge sur le statut de cette discipline, ni science ni idéologie. Pour lui il s’agit in fine d’une technique qui vise à standardiser et à organiser les individus de manière à les rendre contrôlables et efficaces. Et étroitement liée à la naissance du salariat moderne.

Dans les prochaines années, prédisent les analyses les plus pessimistes, l’uberisation des services pourrait entraîner la perte de plus de 3 millions d’emplois en France. D’autres assurent que le phénomène toucherait environ 14 % des emplois. Une chose est sûre, tous les modèles de management risquent d’être bousculés par la révolution digitale.

« Ce que certains appellent déjà la quatrième révolution industrielle est aussi violent que prometteur », observent Denis Marquet et Édouard Rencker, auteurs de ce livre qui tombe à pic. Ils ne cachent pas les dangers que cette révolution fait courir à l’ancienne économie capitaliste. L’économie du partage, type Airbnb, rend des services énormes mais finalement peu quantifiables. Résultat : ces nouveaux géants sont à peine repérés dans les chiffres de la croissance. Tout cela doit conduire les entreprises à se réinventer de fond en comble. Elles n’ont pas le choix : se transformer ou périr.