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Édito

La vaste blague de l’inversion de la courbe

Édito | publié le : 03.02.2016 | Stéphane Béchaux

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La vaste blague de l’inversion de la courbe

Crédit photo Stéphane Béchaux

Il y a quelque chose d’assez grotesque dans les déclarations de François Hollande. Voilà trois ans que celui-ci répète, la main sur le cœur, qu’il ne se représentera à l’élection présidentielle qu’à la condition que le chômage baisse. Si ses paroles l’engagent, la messe est dite. Depuis mai 2012, Pôle emploi a vu ses fichiers d’inscrits en catégories A, B et C gonfler de plus de 1,1 million d’unités. Et tous les indicateurs sont dans le rouge : le chômage a non seulement augmenté chez les jeunes, les seniors ou les femmes, mais sa durée s’est aussi allongée. Actuellement, l’ancienneté moyenne d’inscription à Pôle emploi atteint cinq cent soixante-dix jours. Et plus de 800 000 personnes sont dans les fichiers depuis au moins trois ans…

Cet échec cuisant devrait signer la fin du bail. Mais non, le locataire de l’Élysée guette encore l’éclaircie, cette fameuse « inversion de courbe » qui lui permettra de se lancer dans la course. On se délecte déjà de cet instant magique où le chef de l’État expliquera aux Français, droit dans les yeux, que le tsunami des années 2012-2015 compte moins que l’hypothétique reflux de 2016.

Évidemment, le président de la République a raison d’agir : la lutte contre le chômage n’est pas une option, c’est un devoir. En ce sens, l’accuser de ne chercher qu’à maquiller les chiffres avec son plan d’urgence est trop facile. Quand bien même il s’y prend trop tard. Faudrait-il renoncer à tout dispositif sous prétexte que la présidentielle approche ? Néanmoins, la principale mesure annoncée nourrit les doutes. Former 500 000 demandeurs d’emploi supplémentaires en deux ans ? Fort bien. Mais par qui ? Pour apprendre quoi et travailler où ?

En matière d’emploi, François Hollande a failli. Sur le plan comptable, son bilan est désastreux. Mais il ne serait pas sérieux de lui rejeter toute la faute. La conjoncture mondiale ou les tensions internationales échappent très largement à sa personne. Sur le plan des réformes structurelles, en revanche, sa responsabilité est entière. Depuis quatre ans, il court derrière les revendications patronales : moins d’impôts par-ci, moins de charges par-là, plus de flexibilité par-ci, plus de primes par-là. On ne discutera pas ici du bien-fondé de telles mesures, dont il est malaisé d’évaluer les effets. Mais on ose affirmer qu’elles ne sauraient suffire à rendre la France plus compétitive demain. Où est la grande réforme fiscale, celle qui devrait redonner de l’air aux entreprises et aux travailleurs ? Nulle part. Qu’a fait l’exécutif pour refondre notre système éducatif, qui dysfonctionne de l’école primaire à l’enseignement supérieur ? Rien du tout. Cette inertie est désastreuse. Car c’est bien là que se situe le vrai plan emploi.

Auteur

  • Stéphane Béchaux