Former 500 000 chômeurs aux métiers pénuriques ou d’avenir ? Le défi est de taille et ne se relèvera pas du jour au lendemain. La ministre du Travail compte dérouler ce plan sur deux ans. Il faudra bien ça pour mettre en ordre de marche tous les acteurs de l’emploi, les préfets et les régions. François Hollande et Manuel Valls ont déjà commencé à rencontrer les présidents de région. Avec la réforme territoriale, celles-ci ont vu leurs compétences élargies en matière de formation professionnelle, d’apprentissage ou encore de reconversion des salariés. Entre changement de couleur politique et baisse des dotations budgétaires, leur soutien à l’exécutif n’est pas acquis. Beaucoup, notamment à droite, ne digèrent pas cette mise au régime sec, la plus sévère depuis 1945.

L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a beau prôner l’union sacrée pour inverser la courbe du chômage, les élus locaux rechignent à épouser le plan du gouvernement. Chacun préfère imaginer ses propres armes au risque de renforcer les inégalités locales. Xavier Bertrand, nouvel homme fort de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, vient ainsi de lancer « Proche emploi », un dispositif concurrent de Pôle emploi qui vise à faire coïncider offres et demandes de postes. Autre exemple, celui de la Normandie qui a décrété un « Grenelle de l’apprentissage ».

Toutes ces initiatives, quand bien même salutaires, viennent couper l’herbe sous le pied du gouvernement qui cherche encore comment financer son plan antichômage à destination des demandeurs d’emploi. Il pourrait coûter 2 milliards d’euros, dont la moitié prise en charge par l’État. Les régions serrent les dents et redoutent de devoir mettre à nouveau la main au porte-monnaie.