Les syndicalistes de Numericable-SFR ont bien accueilli la nomination de Florence Cauvet (45 ans) au poste de directrice exécutif RH. Il faut dire qu’ils la connaissent bien : elle est déjà leur interlocutrice directe depuis plus d’un an et demi, comme directrice des affaires sociales. Cette « pure RH », détentrice d’un DESS de GRH et d’un DEA de droit du travail de l’université Panthéon-Assas, est appréciée de ses interlocuteurs. « Elle est franche et directe dans son approche. On sent qu’elle a la fibre RH », explique l’un d’eux. L’intéressée, elle, ne s’exprime pas. Du moins tant qu’elle n’a pas réellement succédé à François Rubichon, d’ici à la fin du trimestre.

Chez Areva, où elle a grimpé les échelons de la filière RH pendant dix ans, les représentants syndicaux appréciaient aussi la dirigeante. « Elle croit au dialogue social, tout en restant très réservée avec ses interlocuteurs », confie Jean-Pierre Bachmann, coordinateur CFDT du groupe nucléaire. Du côté de ses pairs, aussi, les avis sont flatteurs. « Elle est proche du terrain, tout en ayant une vision stratégique », assure une ancienne collaboratrice à la DRH France d’Areva. « Elle possède tous les fondamentaux du métier et sait prendre des décisions difficiles en gardant une vraie attention pour l’autre », complète Philippe Vivien, patron du cabinet Alixio et ancien executive vice president RH d’Areva.

Ces qualités ne seront pas de trop dans les mois qui viennent, si l’on en croit Jean Bosc, le secrétaire du comité d’entreprise de SFR. « Sa mission n’est pas facile. L’entreprise s’oriente vers une gestion de type low cost pour dégager des résultats afin de rembourser les dettes d’Altice, la maison mère. En parallèle, elle devra harmoniser les statuts et les cultures des sept entreprises qui composent le groupe. » Une analyse que partage visiblement Michel Combes, le président du conseil d’administration : en interne, il explique que la nomination de cette quadragénaire doit permettre d’« apaiser le climat social ».

Un commentaire que les élus jugent inapproprié. À les entendre, François Rubichon n’est pour rien dans les tensions qui traversent l’entreprise depuis son rachat par le groupe de Patrick Drahi. « L’un comme l’autre mettent les orientations de la direction générale en musique, tout en essayant de ne pas tourner le dos à leurs valeurs personnelles », estime le cédétiste Xavier Courtillat. Une page se tourne néanmoins. Fin janvier, l’opérateur téléphonique, riche de 14 500 collaborateurs dans le monde, s’est doté d’un nouveau DG, Michel Paulin.

Dans la maison, le changement d’organigramme n’apaise pas pour autant les inquiétudes, qui portent sur l’emploi. Début janvier, Patrick Drahi est certes allé prendre la température sur les plateaux de SFR. Et il a affirmé aux syndicalistes qu’aucune suppression de postes n’était prévue. « Mais il a ajouté que, dans ce domaine, il fallait être pragmatique », grimace l’un d’eux. Et celui-ci d’affirmer que « 500 personnes ont déjà quitté l’entreprise en un an, dont une quarantaine pour faute grave ». Preuve que le climat social est tendu, la CFE-CGC a envoyé en décembre une lettre au gouvernement pour dénoncer « les prémices d’une crise sociale identique à celle qu’a connue France Télécom ». Florence Cauvet aura-t-elle le cuir suffisamment épais pour s’en sortir ?

Directrice exécutif RH de Numericable-SFR.

2002

Responsable RH d’Orange R & D.

2005

Responsable RH de La Hague Areva.

2012

DRH France d’Areva.

2014

Directrice des relations sociales de Numericable-SFR.