« Ce dîner chez Elisabetta a été un vrai délice. Nous avons passé un très agréable moment dans un cadre enchanteur. […] Elisabetta est charmante et nous a vraiment fait découvrir tous les petits secrets de l’Italie. » Sur le site Web voulezvousdiner.com, les critiques laissées par les convives d’un soir peuvent être élogieuses. Des gourmands d’un côté, un cordon-bleu de l’autre. Il n’en faut pas plus pour se rencontrer. Installés autour de la table ronde, les invités d’Elisabetta peuvent savourer des petits plats maison made in Italy : aumônières de bresaola et ricotta, saltimbocca à la romaine, étoiles de panettone et leur crème au mascarpone. Une table à réserver en un clic chez cette cuisinière qui donne déjà des cours de gastronomie à domicile depuis dix ans.

Dans la capitale, le prix d’un repas chez l’habitant varie de 30 à 50 euros par personne. Pas donné, même si les restaurateurs d’un soir s’en défendent. « L’argent est tabou en France. Mais il est évident que l’aspect financier compte », note Guillaume Tranchard, responsable des opérations de voulezvousdiner.com. Le site, qui compte 15 000 membres, enregistre 80 % de ses réservations auprès d’étrangers. Des touristes en quête d’authenticité, de convivialité et de rencontres. « Ils recherchent d’abord le plat typiquement français, comme le bœuf bourguignon ou la tartiflette », précise Guillaume Tranchard.

Une formule gagnante, en pleine expansion, où les acteurs sont nombreux, comme CookNmeet, Livemyfood, Bienvenueàmatable… Au grand dam des restaurateurs, qui dénoncent cette concurrence déloyale. D’autant plus que le secteur souffre depuis plusieurs mois. Cookening.com enregistrait ainsi 1 500 inscrits dès le jour de son lancement. Dont la moitié souhaitait recevoir à demeure. Autre site récemment lancé, monvoisincuisine.com : des particuliers proposent de cuisiner des plats qu’ils maîtrisent parfaitement puis de les livrer au domicile de leurs clients d’un soir. Six mois après sa création, il compte 700 membres et une centaine de cuisiniers.

En pleine structuration de leur marché, certaines plates-formes démarchent des hôtels pour établir des partenariats. Histoire d’y déposer des flyers à l’adresse des touristes. Ce qui implique de pouvoir garantir la qualité des repas et la capacité à répondre à la demande. Car, très vite, des questions de sécurité alimentaire se poseront aussi aux cuisiniers amateurs. Pour l’instant, le succès se fait par le bouche-à-oreille. Et les réseaux sociaux. La formule pourrait aussi bénéficier du besoin de sécurité postattentats, qui incite à éviter les lieux ouverts, et de l’accueil inégal des restaurateurs traditionnels. « Les Français n’ont pas bonne réputation. Mais chez l’habitant, les touristes rencontrent des gens sympas », sourit Guillaume Tranchard.