Personnage controversé, Loïk Le Floch-Prigent, ancien président de la SNCF et d’ELF, est un bon connaisseur de l’industrie française. Son analyse ne manque pas d’intérêt. Il s’indigne de constater à quel point nous avons négligé la défense de nos champions nationaux. Telle la Compagnie générale d’électricité, un cas d’école. En 1995, c’était un de nos plus beaux groupes. Vingt ans plus tard, le conglomérat a explosé, Alcatel et Alstom sont passés dans les bras de Nokia et de General Electric. Le Floch-Prigent passe en revue nos atouts, avec sévérité : la chimie dispersée sous l’effet de « deux agents dissolvants », Jean-René Fourtou chez Rhône-Poulenc et Jean-Pierre Rodier chez Pechiney ; l’énergie, toujours puissante, mais fragilisée par les rivalités entre EDF et Areva. Il y a certes de beaux restes, que cite un peu plus vite Le Floch-Prigent, lequel regrette l’absence de patrons visionnaires. Même s’il salue la réussite de Xavier Niel dans les télécoms. L’auteur plaide pour une réactivation de la stratégie des « champions nationaux ». L’urgence est de mettre fin au « dialogue de sourds » entre l’État et l’industrie. « Manifestons haut et fort la solidarité de la nation tout entière à l’égard de son industrie », conclut Le Floch. Qui prône une alliance entre le capital et le travail au service de ce grand dessein.
Loïk Le Floch-Prigent. Jacques Marie Lafont Éditeur. 260 pages, 19,90 euros.
