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Édito

Petits calculs et sens des responsabilités

Édito | publié le : 03.01.2016 | Stéphane Béchaux

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Petits calculs et sens des responsabilités

Crédit photo Stéphane Béchaux

On ne fait pas partie des fans de la royauté britannique. Mais permettez-nous de reprendre cette sentence prononcée par la reine voilà un quart de siècle, en novembre 1992. Pour n’en changer que la date : « [2015] is not a year on which I shall look back with undiluted pleasure. » Après un tel annus horribilis, on ose espérer que le cru 2016 sera d’un autre tonneau. Qu’il contiendra moins de chômage et de sang, moins de repli sur soi et de populisme. Mais on se gardera bien de prononcer des vœux qui n’engagent personne, pas même ceux qui les écoutent ou les lisent. Laissons cet honneur à François Hollande, qui fait cela très bien dans son beau bureau élyséen, comme ses prédécesseurs.

Avouons-le, on ne se sent guère optimiste. Au-delà de la question de la sécurité, la mère de toutes les batailles reste l’emploi. Encore. Tant que le chômage n’amorcera pas sa décrue, pour de vrai, le pays ne pourra soigner ses plaies. Hélas, rien ne laisse entrevoir une embellie durable. Ni la conjoncture ni les projets gouvernementaux. Simplifier le Code du travail, former massivement les chômeurs – quelle originalité ! – et instaurer le compte personnel d’activité améliorera sans doute le fonctionnement du marché du travail. Mais ne changera pas la donne. Quant à la déréglementation des salons de coiffure, elle ne boostera pas plus l’activité que la libéralisation du transport par autocar.

Le contexte s’avère très peu propice aux réformes de fond. Sitôt passé le choc des régionales, on peut faire confiance aux responsables politiques des deux bords pour reprendre leurs petites querelles. En cette année de campagne présidentielle, on ne prend aucun risque à prédire qu’invectives, coups bas et propositions démagogiques vont pleuvoir à verse. Pour un Xavier Bertrand contrit, combien de Laurent Wauquiez déchaînés ? De grâce, élus de la République, épargnez-nous vos petits calculs et vos combats d’appareil ! Et montrez-vous enfin à la hauteur des enjeux.

L’imprécation vaut pour les partenaires sociaux. Car leur spectacle n’est pas plus brillant. Divisés comme jamais, les voilà face à un mur : la renégociation de la convention Unedic. Avec une dette de 25 milliards d’euros, l’assurance chômage est en danger. Réellement. Afin de la remettre à flot, patronat et syndicats doivent impérativement s’entendre pour couper dans les prestations et/ou augmenter les cotisations. Mais en sont-ils capables ? Tout le monde en doute, eux les premiers. Rien à attendre de la CGT, sans boussole, qui tiendra congrès en avril. Mais que penser de la CFE-CGC, qui trouve judicieux de relancer sa guerre des chefs à l’approche de sa grand-messe de juin ? S’il vous plaît, vous tous qui êtes dépositaires du modèle social français, faites preuve d’un peu de dignité. Et de responsabilité.

Auteur

  • Stéphane Béchaux