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Les maladies chroniques, un enjeu collectif au boulot

Décodages | publié le : 03.01.2016 | Anne-Cécile Geoffroy

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Les maladies chroniques, un enjeu collectif au boulot

Crédit photo Anne-Cécile Geoffroy

Entre impact sur le travail et risque de désinsertion des salariés malades, les employeurs doivent s’atteler à la prévention.

Les chiffres sont édifiants ! Chaque jour, 1 000 nouveaux cas de cancer sont recensés en France ; 4 millions d’individus vivent avec le diabète ; 2,8 millions de salariés sont atteints d’une maladie cardio-vasculaire. Des affections chroniques que les entreprises doivent prendre en compte. « Les progrès de la médecine, l’allongement de la vie active, les nécessités économiques font que ces salariés restent plus souvent en emploi que par le passé », explique Dominique Baradat, chargée de mission à l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail d’Aquitaine.

Impossible pour les DRH de continuer à éviter ce sujet tabou en se réfugiant derrière la seule médecine du travail. « Cela pose de vraies questions de management. Dans une équipe, quand un collègue est malade, les autres ressentent d’abord de l’empathie. Puis très vite l’agacement prend le relais. Les questions de charge de travail et d’organisation du service deviennent de plus en plus sensibles au fil des mois », illustre Damien Kunegel, directeur de l’agence du Crédit mutuel de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) et coordonnateur du conseil d’orientation stratégique de Cap Santé Entreprise.

Peur d’être stigmatisé.

Car c’est bien le caractère à la fois épisodique et chronique de ces maladies que les employeurs doivent apprendre à gérer sur un plan collectif. Or, souvent invisibles, passés sous silence par des salariés qui redoutent d’être placardisés ou stigmatisés, les cancers, diabètes, affections cardio-vasculaires ou scléroses en plaque ne font l’objet d’aucune politique spécifique dans les entreprises. « Les individus adoptent des stratégies personnelles pour éviter que la maladie impacte leur travail. Certains se lèvent plus tôt le matin pour prendre leur traitement et laisser passer les effets secondaires avant d’arriver au travail. D’autres arrêtent tout bonnement leur traitement », constate Dominique Baradat.

Pour changer la donne, l’Institut national du cancer (Inca) a lancé en septembre dernier un club des entreprises, baptisé Cancer et emploi, en partenariat avec le ministère du Travail et l’ANDRH. L’Afnor, Carrefour, Engie, La Poste, Delpeyrat… une petite dizaine d’entreprises ont répondu présent. Des expérimentations seront menées dans cinq régions avant d’être étendues au plan national. Objectif : faire travailler ensemble salariés malades, médecins, managers et DRH pour éviter la désinsertion professionnelle. Selon une étude de l’Inca réalisée en 2012, la situation professionnelle des malades chroniques se dégrade vite : deux ans après le diagnostic, leur taux d’activité, initialement de 88,2 %, descend à 79,9 %.

Des dispositifs d’accompagnement des entreprises commencent à émerger sur le marché. L’association Cap Santé Entreprise a récemment lancé un programme de prévention qui s’étale sur trois ans. « Notre ambition est d’agir en profondeur sur les comportements. Après un diagnostic, nous proposons un plan d’actions à travers des ateliers de prévention, de l’information, des formations pour les managers mais aussi les DRH », indique Damien Kunegel. L’association a signé un partenariat sur trois ans avec le Crédit mutuel d’Ile-de-France. D’autres initiatives ont investi ce champ, en choisissant de cibler une maladie. Comme Cancer@Work, une association créée en 2012 et présidée par Philippe Salle, P-DG du groupe Elior, ou Entreprise et Cancer, basée à Lyon.

Certains acteurs misent enfin sur les contrats collectifs des complémentaires santé pour toucher directement les travailleurs sans mettre dans la boucle managers et DRH. La start-up française Betterise passe ainsi par les mutuelles, comme Harmonie Mutuelle, pour intégrer de nouvelles offres dans les contrats des entreprises. La PME propose des applications qui aident les salariés à adopter de bonnes habitudes, notamment alimentaires, pour préserver leur santé. « Nous avons commencé à travailler sur la prévention primaire. Nous allons développer des services plus spécialisés comme Betterise diabète », indique Christophe Brun, le directeur général.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy