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« Cette crise migratoire n’est pas une menace pour le marché de l’emploi »

À la une | publié le : 03.01.2016 | Emmanuelle Souffi

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« Cette crise migratoire n’est pas une menace pour le marché de l’emploi »

Crédit photo Emmanuelle Souffi

La crise migratoire va-t-elle impacter le budget des États membres ?

Il y a certes un coût supplémentaire lié au traitement des demandes et à l’accueil d’urgence. Selon nos projections, en 2016-2017, il sera d’environ 0,5 point de PIB en Allemagne, de 0,9 point en Suède. La Turquie a déjà consenti des dépenses équivalentes à près de 1 point de PIB. En France, comme le nombre de dossiers d’asile n’augmente pas, il n’y a aucune raison de s’inquiéter d’un coût supplémentaire. Au titre du plan de relocalisation, nous accueillerons 26 300 personnes en deux ans, soit dix par mois et par département…

Le marché de l’emploi européen pourra-t-il absorber cet afflux ?

On ne doit pas avoir peur ! 400 000, voire 500 000 réfugiés à l’aune d’un marché du travail de 242 millions de personnes d’âge actif (15-64), c’est peu. Dans les années 1990, l’Allemagne a accueilli plus de 3 millions d’étrangers sans que son économie en pâtisse. Idem au Royaume-Uni en 2004, après l’élargissement de l’UE avec plus de 1 million de migrants venus d’Europe de l’Est. Il y a certes un choc d’offres de travail, des effets redistributifs marginaux. Mais ces réfugiés sont aussi des consommateurs. Ces nouvelles dépenses publiques vont avoir un effet de relance économique pour 0,1 à 0,2 point du PIB européen en 2016.

Y a-t-il un risque de déclassement ?

Les réfugiés souffrent de handicaps. Ils ont subi des traumatismes, grandi dans un système scolaire éloigné du nôtre, n’ont pas anticipé leur arrivée… En Suède, environ 40 % des Syriens possèdent un diplôme du secondaire, dont 15 % en ont aussi un du supérieur. Il y a donc un investissement à prévoir pour mettre à niveau leurs compétences. En moyenne, dans l’OCDE, un immigré diplômé du supérieur sur deux est inactif, chômeur ou déclassé. Ils occupent les postes vacants, délaissés car précaires et pénibles. Ce déclassement initial n’est pas forcément négatif car il permet d’apprendre la langue et de découvrir la culture locale. À condition qu’à terme il serve à valoriser les savoir-faire. Ces réfugiés doivent avoir accès aux politiques actives de l’emploi, avec des outils spécifiques dédiés. Le risque étant sinon de les condamner à l’assistanat.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi