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Les universités sommées de changer de modèle

Le journal des RH | formation | publié le : 03.12.2015 | M. J.

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Les universités sommées de changer de modèle

Crédit photo M. J.

En matière de formation continue, le monde universitaire doit s’adapter aux besoins des entreprises et des salariés.

L’université est à un tournant : en matière de formation professionnelle, elle doit se réinventer et trouver un nouveau modèle. C’est en substance le constat de François Germinet, président de l’université de Cergy-Pontoise, qui a remis début novembre un rapport à la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, sur « le développement de la formation continue dans les universités ». L’état des lieux est sans appel : « une loi qui change la donne », « des universités encore en quête de leur modèle économique », « un lien avec l’expertise recherche quasiment inexploité »… L’enjeu est aussi financier. Sur les 13 milliards d’euros captés par les organismes de formation, les universités ne pèsent que 400 millions (dont 90 millions pour le seul Conservatoire national des arts et métiers). François Germinet propose de leur fixer comme objectif de récupérer au moins 1 milliard d’euros en 2020, notamment via des expérimentations.

L’université de Strasbourg fait figure de précurseur en la matière. D’abord parce qu’elle a recruté un directeur issu du privé, Marc Poncin, pour piloter son service de la formation continue. Depuis trois ans, la « filiale », comme la surnomme son responsable, a développé un modèle spécifique pour former les salariés et répondre aux besoins des entreprises : modularisation des diplômes proposés, intégration de l’enseignement à distance pour une plus grande souplesse et une diminution des coûts, création d’un Pass’compétences permettant aux stagiaires d’agréger des modules et de construire ainsi leur parcours professionnel.

Stages courts

« Nous travaillons comme un organisme privé qui propose des diplômes de l’université », résume Marc Poncin. À terme, tous, y compris les DU, seront découpés en séquences courtes de quelques jours correspondant à des « unités d’enseignements ». Tout en étant toujours supervisés par des enseignants-chercheurs, garants de la plus-value universitaire.

« Aujourd’hui, plus de la moitié de notre offre est composée de stages courts et 95 % sont produits spécifiquement par notre entité », précise Marc Poncin. Résultat de cette révolution : les deux tiers des intervenants sont extérieurs et le chiffre d’affaires atteint 11 millions d’euros pour 11 000 stagiaires par an. Ce qui a nécessité au préalable l’élaboration d’une vraie politique marketing fondée sur l’étude du marché et la communication commerciale. Dans son rapport, François Germinet évoque, lui, le besoin d’une « analyse marketing ciblée » et d’une « marque de confiance auprès des entreprises ».

Des approches dont nombre d’universités sont dépourvues, de même qu’elles pèchent par l’absence de recrutement de salariés issus du privé ou manquent de services dédiés aux stages. Sans oublier la difficulté des enseignants-chercheurs à faire évoluer leurs pratiques et à s’ouvrir à de nouveaux publics. Bref, la marche reste haute pour l’enseignement supérieur public, qui réduit trop souvent encore la formation continue à de la reconversion via un diplôme universitaire.

Auteur

  • M. J.