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Idées

Le mauvais sort d’être jeune en France

Idées | Livres | publié le : 03.11.2015 | J.M.

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Le mauvais sort d’être jeune en France

Crédit photo J.M.

Bernard Spitz s’alarme des difficultés auxquelles les jeunes actifs sont confrontés. Un regard très noir.

Le livre de Bernard Spitz commence par un double choc. Une simple liste de 15 chiffres d’abord, qui fait ressortir quelques traits saillants de la société dans laquelle les jeunes Français prennent leur envol : un taux de chômage de 24 % pour les moins de 25 ans, des prix du logement en hausse de 70 % depuis 2000, une dette « générationnelle » de 30 000 euros dès la naissance, un taux d’échec en première année à l’université de 48 %, etc. Le second choc est provoqué par la lettre rédigée par l’auteur à l’intention des jeunes actifs. Un jeu de massacre, la description, bien noire, du marché du travail comme un champ de mines. Même un jeune diplômé sorti d’une grande école de commerce et recruté dans un groupe international n’aurait rien du « nanti ». Calcul de Spitz : avec un salaire de 40 000 euros par an, il reste en net 2 350 euros par mois, sur lequel il faut probablement rembourser 620 euros de prêt étudiant et consacrer 850 euros à une colocation. « Il te reste alors 880 euros par mois, conclut l’auteur, soit 29 euros par jour, pour t’habiller, te nourrir, te déplacer, te soigner, te distraire… et épargner ! »

Ce constat est à lui seul terrible. Mais ce qui angoisse l’auteur, c’est que toutes les conditions sont réunies pour que la situation empire : le vieillissement démographique, le creusement des écarts de niveau de vie entre générations, la montée des « jeunes pauvres » parmi les 18-29 ans (13 %). En matière d’emploi, l’horizon s’assombrit aussi. « Le statut infiniment protecteur du CDI joue contre la jeunesse et, d’une manière générale, contre tous ceux qui patientent dans les purgatoires du marché du travail », tranche-t-il.

Le premier levier sur lequel l’ex-conseiller de Rocard juge urgent d’agir est l’éducation. En réhabilitant l’enseignement professionnel, par l’introduction d’une sélection « raisonnée » à l’université, à travers des contrats signés entre le système éducatif et les entreprises. Le représentant des assureurs propose aussi de réformer la Sécurité sociale dans un sens plus favorable aux jeunes générations, ce qui veut dire moins de place à la répartition, systématiquement défavorable pour elles, et plus à la capitalisation. « Dans toute l’Europe, y compris la plus social-démocrate, notet– il, on a compris qu’il fallait veiller à un équilibre entre le financement des retraites par répartition et par capitalisation. » L’ouvrage s’achève par une nouvelle lettre à une jeune Française née en 2022. Elle montre comment la désespérance de celle qui ouvrait l’essai peut être corrigée en peu d’années. Un optimisme final un peu forcé au vu du diagnostic initial.

On achève bien les jeunes, Bernard Spitz. Éditions Grasset. 158 pages, 14 euros.

Auteur

  • J.M.