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Idées

Travail et emploi à l’heure du numérique

Idées | Livres | publié le : 03.10.2015 | Jean Mercier

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Travail et emploi à l’heure du numérique

Crédit photo Jean Mercier

Il nous faut apprendre à faire la course avec les machines et non pas contre, estiment deux experts du MIT.

C’est une des questions les plus cruciales pour l’avenir du travail et qui divise le plus les spécialistes : la révolution numérique entraînera-t-elle une disparition massive des emplois, y compris qualifiés, dans les toutes prochaines années ? L’économiste Erik Brynjolfsson et le scientifique Andrew McAfee, deux experts du MIT dont l’ouvrage Le deuxième âge de la machine fut un best-seller à sa sortie aux États-Unis, ne tranchent pas vraiment. Certes, ils décrivent la montée des robots « intelligents » et expliquent qu’il ne faut pas avoir peur de l’innovation, mais sans cesse veiller à la régénérer. Car la croissance viendra de la combinaison des nouvelles technologies que permet le numérique.

Les deux auteurs ne sont pas pour autant des optimistes béats. Ils concèdent qu’il n’y a jamais eu autant de risques de voir les inégalités se creuser encore : « Les avancées rapides des outils numériques créent une richesse sans précédent, mais il n’existe pas de loi économique en vertu de laquelle l’ensemble des travailleurs, ou même une majorité d’entre eux, devrait profiter de ce progrès. » Les technologies numériques ont tendance à accroître les gains des gagnants, et favorisent le travail qualifié. En outre, depuis une dizaine d’années, la règle qui voulait que la part des revenus de la croissance allant aux travailleurs reste stable ne s’applique plus. Seuls à tirer leur épingle du jeu, ceux qui sont superstars dans leur domaine. La mobilité sociale est devenue un mythe, même aux états-Unis. Entre les riches et les autres, « la dispersion n’est plus seulement large : elle s’autoperpétue ».

Ils n’excluent pas non plus l’apparition à grande échelle d’un chômage technologique. Depuis 1990, un certain découplage est apparu entre la technologie et l’emploi. « À quelle histoire faut-il donc se fier, interrogent Brynjolfsson et McAfee : aux deux cents ans qui se terminent à la fin des années 1990, ou aux vingt-cinq années qui viennent de s’écouler ? » Réponse : il n’existe pas de loi d’airain, selon laquelle le progrès technologique s’accompagne toujours de nombreuses créations d’emplois.

Il y a tellement de besoins insatisfaits dans le monde que tout dépend de la bonne utilisation de nos capacités créatrices. C’est l’objet de la partie finale du livre. Les auteurs donnent quelques conseils pour savoir « faire la course avec les machines » et non contre elles. Connaître nos avantages, changer les compétences en changeant l’école et l’université, s’ouvrir aux talents du monde entier, encourager les start-up, etc. Enfin, inventer des impôts intelligents… Même au MIT, il n’est pas sûr qu’on fasse cette invention-là.

Le deuxième âge de la machine – Travail et prospérité à l’heure de la révolution technologique, Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee. Éditions Odile Jacob.

24,90 euros, 330 pages.

Auteur

  • Jean Mercier