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entretien avec François Béharel – Président du groupe Randstad France

Décodages | publié le : 03.10.2015 | Anne-Cécile Geoffroy

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entretien avec François Béharel – Président du groupe Randstad France

Crédit photo Anne-Cécile Geoffroy

Comment comptez-vous transformer Randstad en France ?

Le marché français est l’un des plus importants au niveau mondial. Il est extrêmement mature, tout en étant en pleine mutation, laquelle est liée à la digitalisation qui touche notre secteur. Mon ambition est de faire prendre ce tournant technologique à l’entreprise. Dans ce marché très concurrentiel où la compétition est presque exclusivement orientée sur les prix, nous nous devons de monter en gamme, de revaloriser nos services auprès des entreprises pour nous différencier.

Comment vous différenciez-vous ?

Nous venons de créer un outil puissant fondé sur le big data, capable de scroller l’ensemble du Web pour rapprocher l’offre et la demande. Il ne s’agit pas d’un simple outil de matching. L’entrée se fait par les compétences et propose une approche par bassin d’emploi. Demain, si une entreprise a besoin d’un soudeur à Nantes, l’outil permettra de faire ressortir l’ensemble des candidats qui disposent des compétences proches dans un rayon de 30 kilomètres. Pour que nous soyons plus efficaces, il faudrait que Pôle emploi ouvre ses données sur les demandeurs d’emploi. L’open data, c’est l’avenir dans la lutte contre le chômage.

Vous avez développé le concept d’agence en étages. Pourquoi ?

En complément du modèle d’intérim « classique », nous voulons nous différencier par la qualité de l’accueil. Ma fierté est de recevoir un ouvrier dans les mêmes conditions qu’un cadre. Et pour gagner en productivité, tous les consultants disposent d’un iPad doté d’applications maison qui leur permettent d’interroger nos bases de données directement chez le client, sans être obligés de repasser par l’agence.

Comment expliquez-vous les débuts poussifs du CDI Intérimaire ?

Le démarrage peut paraître lent. Il faut se souvenir que l’idée a mis du temps à s’imposer, y compris au sein de notre profession. J’ai passé beaucoup de temps à expliquer l’intérêt de ce nouveau contrat qui participe à l’instauration d’une flexisécurité à la française. Pour l’intérim aussi, c’est une révolution culturelle. Nous devons trouver des missions à ces collaborateurs permanents que nous devons rémunérer à temps plein, quoi qu’il arrive. Reste qu’aujourd’hui, un candidat sur deux refuse le CDI intérimaire.

Le CDI ne séduit plus ?

Contrairement à ce que tout le monde pense, le CDI n’est plus un Graal. Ce nouveau contrat change le rapport au travail. Certains intérimaires ont le sentiment de perdre leur liberté. D’autres ne veulent pas perdre les indemnités de fin de mission du contrat d’intérim et font le choix du pouvoir d’achat. Il faut dire aussi que le système d’indemnisation du chômage incite les intérimaires à alterner intérim et chômage.

Ce nouveau contrat a aussi permis au secteur d’échapper à la taxation des contrats courts…

C’est faux. Quand Randstad a lancé l’idée du CDI intérimaire, début 2011, il n’était pas question de taxer les contrats courts. Cette proposition a germé un an plus tard, au moment des négociations interprofessionnelles. Par ailleurs, je ne pense pas que l’état ait pris le risque de renchérir le coût de l’intérim avec le taux de chômage que connaît notre pays.

Vous avez piloté le groupe de travail sur le dialogue social pour l’Institut Montaigne. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans notre modèle ?

D’abord, il s’agit de redonner à l’entreprise un rôle central dans la négociation sociale. Après, nous avons un problème de représentativité et de légitimité des partenaires sociaux, alors que le taux de syndicalisation, dans le privé, est de 4 %. Les délégués syndicaux qui négocient sont mandatés par les centrales syndicales. Ils ne sont pas élus. À force d’enchaîner les mandats, ils sont souvent déconnectés de la vie de l’entreprise. Selon moi, l’avenir du dialogue social passe par des syndicalistes représentatifs et mieux formés. Le patronat a un rôle à jouer pour donner envie aux salariés de se syndiquer sans avoir peur d’être « blacklistés ». Et pour sortir des situations de blocage, l’une de nos propositions est d’avoir recours au référendum. Pourquoi un chef d’entreprise ne pourrait-il pas demander l’avis de ses salariés sur certains sujets clairement définis par la loi ?

François Béharel 45 ans

1992

Commercial chez Kompass.

1999

Directeur régional Nord-Pas-de-Calais chez Vediorbis.

2007

P-DG de Vediorbis.

2009

Président du groupe Randstad France.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy