Un mois avant la reprise de la négociation interprofessionnelle sur les retraites complémentaires, le 16 octobre, les hostilités avaient déjà recommencé entre les protagonistes. Pour le Medef, le seul moyen d’assurer le financement des régimes de retraites complémentaires consiste à inciter les salariés à travailler plus longtemps. D’où sa proposition d’instaurer une décote dégressive, mais provisoire, sur les retraites de ceux qui partent avant 65 ans.
Un casus belli pour la CGT, qui a répliqué par l’intermédiaire de son organisation de cadres en publiant une estimation des pertes qu’engendreraient les propositions du Medef. Soit 7 667 euros de revenus en moins sur trois ans pour un cadre touchant 41 305 euros de salaire net. Un refus partagé par Jean-Claude Mailly, le leader de FO, qui appelle le patronat à sortir des provocations. « L’absence d’accord constituerait une déflagration qui irait bien au-delà du dossier retraites », prévient-il, en parlant d’une « forme de guerre qui serait déclarée ». Calculette à la main, la CFDT de Laurent Berger appelle, elle aussi, le Medef à revoir sa copie. Et préconise, notamment, de fusionner les deux régimes et d’augmenter les cotisations patronales.
C’est dire si la négociation, qui aurait dû s’achever avant l’été, s’annonce ardue. Elle place les partenaires sociaux face à leurs responsabilités sur un dossier qui relève du strict paritarisme de gestion. Avec l’obligation de conclure. Les caisses Agirc (cadres) et Arrco (non-cadres) ont en effet vu leurs déficits respectifs se creuser pour atteindre, en 2014, 1,98 milliard d’euros et 1,15 milliard d’euros.
En l’absence de nouvelles mesures, les réserves seront épuisées d’ici 2018 pour la première et d’ici 2027 pour la seconde. « Si rien n’est fait, estime Pierre Gattaz (Medef), les cadres auront un abattement de 12 % sur leurs pensions d’ici 2018, et de façon viagère, jusqu’à la fin de leur vie ».
