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Idées

L’inquiétante disparition de la croissance

Idées | Livres | publié le : 03.09.2015 | J. M.

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L’inquiétante disparition de la croissance

Crédit photo J. M.

Repenser le progrès et pacifier les relations sociales sont, selon Daniel Cohen, les voies pour bâtir la croissance de demain.

Le basculement de nos économies à l’ère du numérique a créé une situation paradoxale et angoissante : une révolution industrielle sans croissance. « Que se passe-t-il ? » s’interroge l’économiste Daniel Cohen. Première explication, le travail. Les machines remplacent les humains, mais ne les rendent pas plus productifs. Au contraire, elles les « déversent » dans des emplois du tertiaire qui le sont moins.

Par ailleurs, le numérique n’a pas engendré de nouvelle société de consommation, à part le smartphone. Il accroît les choix, diversifie les services, mais n’ouvre pas vraiment de nouveaux champs. Comment alors retrouver le chemin de la croissance ?

L’auteur remonte à l’origine de notre espèce, à l’invention de l’agriculture, puis du pouvoir, puis des empires… Il revisite chacun des ingrédients qui ont contribué à la longue ère de croissance que nous avons connue après les Lumières : la monnaie, les grandes découvertes, les révolutions scientifiques du XVIIIe siècle.

La deuxième partie de son essai tente de décrypter l’avenir. Il y est question, bien sûr, du travail humain. Le constat est implacable. « Aux deux bouts du monde de l’emploi se crée une formidable asymétrie : les salaires vont en haut et les emplois vont en bas. »

Le dernier volet de l’ouvrage est un appel à « repenser le progrès ». « Suite à la désintégration du modèle fordiste, les entreprises ont inventé un nouveau régime de motivation, le management par le stress », note Daniel Cohen. Or, semble-t-il penser, il faut des peuples heureux pour entretenir la croissance. Il propose en exemple la voie danoise, où l’aléa du chômage est géré comme une période de transition, qui permet d’aider le travailleur à se ressourcer, au lieu de le démoraliser. L’autre obstacle à surmonter, c’est la fragmentation de la société en groupes qui ne se parlent et ne se connaissent plus, sous l’effet des inégalités. La pacification des relations sociales est peut-être la clé de la croissance de demain.

Le monde est clos et le désir infini, Daniel Cohen.

Éditions Albin Michel.

220 pages, 17,90 euros.

Auteur

  • J. M.