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Au Labour, une élection test pour les syndicats

Actu | Ailleurs | publié le : 03.09.2015 | Catherine Abou El Khair

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Au Labour, une élection test pour les syndicats

Crédit photo Catherine Abou El Khair

Le Parti travailliste élit son leader. Avec de nouvelles règles qui limitent le poids des syndicats.

Alors que les conservateurs savourent encore leur victoire aussi écrasante qu’inattendue aux élections de mai 2015, le Parti travailliste planche sur sa refondation. à la suite de la démission d’Ed Miliband, les adhérents du Labour ont jusqu’au 10 septembre pour se choisir un nouveau leader. Et les syndicats ont leur mot à dire. En juillet, Unite et Unison, les deux premières organisations du pays, ont porté leur choix sur Jeremy Corbyn, le plus à gauche des quatre prétendants. Face à lui, deux anciens ministres du gouvernement Brown, Andy Burnham et Yvette Cooper, ainsi que Liz Kendall, la candidate la plus à droite du quatuor.

Centres d’appel

Pas sûr que la consigne, destinée à empêcher la victoire d’une ligne pro-austérité, ait assez de poids dans les urnes. Car en 2014, le Labour a profondément revu son processus de désignation. Désormais, les adhérents des syndicats – ils étaient 4,5 millions en 2014 – ne sont plus automatiquement affiliés au parti. Pour pouvoir glisser un bulletin dans l’urne, ils doivent au préalable faire la démarche de se déclarer « partisans affiliés » du Labour, à l’exclusion des autres formations politiques.

Résultat, depuis mai, les syndicats ont dû encourager leurs membres à s’inscrire. Jusqu’à mettre en place, comme l’a fait Unite, des centres d’appel pour les mobiliser ! Or, le 12 août, date de clôture des inscriptions, seuls 190 000 avaient fait la démarche, selon le Labour, sur un total de 610 000 votants. « L’abstention était déjà forte en 2010. Le Royaume-Uni a une tradition de syndicalisme de services. Ce qui implique un rapport plus individualiste à l’adhésion », explique Florence Faucher, professeur au Centre d’études européennes de Sciences Po Paris et spécialiste des partis britanniques.

Les bouleversements ne s’arrêtent pas là. Les voix des syndiqués ne compteront plus pour un tiers des votes, à part égale avec celles des militants du parti et celles des parlementaires. Le système des trois collèges a en effet été aboli : désormais, chaque voix compte pour un. Soit une sécurité de moins pour les syndicats. « En 2010, Ed Miliband l’avait emporté face à son frère David grâce au vote du collège syndical. Au Labour, beaucoup considèrent que cette influence directe nuit à l’image du parti auprès de l’opinion publique et des électeurs », explique Marc Lenormand, professeur à l’université Paul-Valéry Montpellier-III, spécialiste des mouvements syndicaux britanniques.

Financement syndical

Les syndicats n’ont guère bronché face à cette réforme destinée à les mettre à distance. « Ils menacent régulièrement de couper les liens avec le parti, ce qui le priverait d’importantes ressources financières. Mais il s’agit plus d’une posture que d’une menace réelle », analyse Marc Lenormand. « Les syndicats préfèrent avoir un minimum d’influence que plus d’influence du tout. Leur priorité, c’est qu’un travailliste parvienne au pouvoir », abonde Florence Faucher.

Les organisations syndicales optent d’autant plus pour la discrétion que les conservateurs comptent s’attaquer au financement syndical du Labour. Un projet de loi, présenté le 15 juillet, prévoit de supprimer la cotisation automatique des syndiqués. Comme lors des élections du Parti travailliste, les adhérents auraient alors à donner leur accord préalable.

Auteur

  • Catherine Abou El Khair