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“Mieux vaut un apprenti motivé qu’une prime de 1 000 euros”

Le journal des RH | Formation | publié le : 02.06.2015 | M. J.

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“Mieux vaut un apprenti motivé qu’une prime de 1 000 euros”

Crédit photo M. J.

Quel est votre diagnostic sur la baisse du nombre d’apprentis depuis deux ans ?

Il y a certainement un effet dû à la crise économique, même si ce n’est pas le principal facteur selon moi. À l’Anaf, nous avons remarqué que le taux moyen de ruptures des contrats d’apprentissage atteint 20 % avant la délivrance du diplôme. Ce niveau est beaucoup trop élevé, d’autant que neuf entreprises sur dix qui ont connu cette déconvenue refusent ensuite d’embaucher d’autres apprentis. Il faut donc agir sur ce sujet pour maintenir les jeunes au sein de leur entreprise.

Que proposez-vous pour limiter les cas de rupture ?

Nous souhaitons généraliser l’expérience menée en Ile-de-France qui vise à placer l’apprenti dans une démarche proactive. Il s’agit d’accompagner les jeunes pour que, dans leur prise de contact avec les employeurs, ils ne mendient pas des contrats mais s’intéressent aux métiers, aux besoins de l’entreprise. C’est une posture très différente qui accroît les chances d’aboutir et minimise l’échec une fois le contrat signé. Ce dispositif a permis, en deux ans, de faire tomber le taux de ruptures à moins de 5 %. Il faut fournir des moyens aux centres de formation d’apprentis (CFA) pour qu’ils sensibilisent leurs équipes à cette approche.

Comment financer votre proposition alors que les fonds diminuent ?

Nous proposons de réorienter la prime de 1 000 euros instituée l’an passé pour l’embau che d’un apprenti. Elle pourrait être fléchée vers les CFA. Ce que cette prime apporte aujourd’hui aux employeurs est bien dérisoire en termes d’efficacité par rapport au bénéfice d’un apprenti motivé et bien recruté. Hélas ! nous ne som mes pas entendus par le gouvernement.

Approuvez-vous le dispositif « zéro euro » pour aider l’embauche des mineurs ?

C’est un signal fort, mais qui relève du quitte ou double, du pari. En premier lieu, il risque d’accentuer l’image d’une filière à faible coût, de mauvaise qualité. Il peut aussi inciter les entreprises à embaucher en priorité des apprentis de moins de 18 ans, avec le danger que ce critère d’âge l’emporte sur la motivation, l’intérêt du jeune pour le poste. La mesure serait alors contre-productive. Et le dispositif une source d’échec, et donc de détérioration de l’apprentissage. L’enjeu essentiel ne réside pas dans ces aides mais dans la qualité de la relation entre les jeunes, les entreprises et les CFA.

Auteur

  • M. J.