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Idées

Travaux, grèves et… week-ends

Idées | Bloc-notes | publié le : 02.06.2015 | Dominique-Jean Chertier

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Travaux, grèves et… week-ends

Crédit photo Dominique-Jean Chertier

Mai, joli mai

Il fut un temps où l’arrivée, en début d’année, dans les ateliers et les bureaux, du calendrier industriel, format tabloïd cartonné, constituait une fête. Chacun s’y précipitait pour savoir ce que l’année nouvelle ré serverait en matière de ponts. Certains faisaient valoir le privilège de l’ancienneté pour préempter les longs week-ends ensoleillés, laissant aux plus jeunes la possibilité de se recueillir en famille à la Toussaint. Aujourd’hui, des logiciels ont relégué à la préhistoire ces pratiques artisanales et permettent de transformer sans fatigue les week-ends en ponts, les ponts en viaducs. Et d’ajouter à ces derniers des jours de RTT gérés de façon parcimonieuse, pour transformer le tout en vacances. C’était déjà le cas l’an passé : alors pourquoi ne pas définitivement faire de mai un mois férié ?

Grèves : le retour !

Il y a encore quelques mois, il était légitimement possible de pronostiquer non pas une conflagration sociale modèle Mai 68 ou décembre 95, mais une convergence d’éruptions catégorielles. Ces éruptions n’ont pas manqué, mais pas au point de se muer en conjurations. L’histoire sociale ne s’écrit jamais comme on l’avait prévu ! En revanche se sont multipliés de longs conflits inattendus – par les directions et peut-être même les syndicats – dans les chemins de fer, les compagnies aériennes, la radiodiffusion publique. Ces mouvements se ressemblent, par leur forme, leur durée, et surtout les entreprises où ils se déroulent : de grandes maisons confrontées à la nécessité brutale de réformes. On peut se rassurer en observant que nos voisins allemands connaissent désormais aussi de longs conflits dans les transports aériens et ferroviaires. La différence : en France, on fait grève quand on engage les réformes, en Allemagne, quand on en sort…

Grands travaux

Depuis longtemps déjà nous savons que les entreprises, après avoir accepté, en rechignant, les 35 heures en contrepartie de souplesses d’organisation relatives, ont fini, pour celles qui le pouvaient, par les contourner en délocalisant une partie de la production. Depuis moins longtemps nous découvrons que la mise en œuvre des 35 heures à l’hôpital a été une catastrophe. Et là, pas question de délocaliser ! Alors, quand arrive l’heure des contraintes budgétaires, il faut se rendre à l’évidence. Admettre que les services sont désorganisés, les personnels paradoxalement épuisés, que la qualité des soins va finir par en pâtir. Ce chantier est ouvert. Courageusement. Il faudra toute l’habileté du patron de la plus grosse structure hospitalière, toute la conscience des personnels, toute la responsabilité des syndicats pour le mener à bien. Souhaitons-leur bonne chance : il y va de notre santé et de notre argent…

Le chantier de l’école

Une nouvelle et énième réforme du col lège se profile. Le fait de l’évoquer provoque déjà contestations, manifestations, invectives et polémiques. Tout le monde s’y met. Philosophes, linguistes, historiens, syndicalistes enseignants, responsables de parents d’élèves, défenseurs du latin (j’en suis), du patois niçois, etc. Tous, sauf les responsables du monde économique. Et pourtant, ils auraient sans doute des choses utiles à dire, lorsque nous constatons que des dizaines de milliers de jeunes sortent chaque année du système scolaire en étant inaptes au monde du travail. Sans compter que 20 % des élèves de classe de troisième n’ont pas le niveau de mathématique requis pour la classe de CM2. À ce rythme, Pôle emploi a encore un bel avenir, lui, hélas !

Auteur

  • Dominique-Jean Chertier