L’ex-patron de Saint-Gobain dresse dans ce livre brillant le panorama de « la deuxième phase de la mondialisation ». Le retour en forme de l’économie américaine l’impressionne. Mais c’est une reprise qui laisse de côté la moitié de la population et creuse les inégalités. Ce faisant, estime Jean-Louis Beffa, « les États-Unis s’efforcent d’appliquer une règle élémentaire du leadership : il est moins coûteux de capitaliser sur ses points forts que d’essayer de combler ses points faibles ». La Chine, elle, se concentre sur son développement intérieur. Là encore, le champion a des faiblesses : fragilité du système bancaire, vieillissement démographique, défis énergétiques. Mais l’auteur juge qu’il a les moyens de les surmonter.

Face à ces deux superpuissances, les autres ne font pas le poids : la Russie sombre dans l’isolationnisme, le Japon gère son recul, l’Inde et le Brésil sont d’éternels émergents. Et l’Europe ? Elle cherche encore un second souffle, qui ne peut reposer que sur le duo franco-allemand. Sauf que le déséquilibre entre les deux alliés est trop « patent pour qu’ils puissent conjuguer leurs forces ». L’auteur y croit, mais envisage pour notre continent comme place la plus probable… « celle d’une vaste Suisse ».

Les Clés de la puissance, Jean-Louis Beffa. Éditions Seuil . 165 pages, 17 euros.