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Idées

Le procès des dérives de l’État social

Idées | Livres | publié le : 04.05.2015 | Jean Mercier

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Le procès des dérives de l’État social

Crédit photo Jean Mercier

Agnès Verdier-Molinié dresse un sévère réquisitoire contre l’État providence. Caricatural mais salutaire.

Bien sûr, ne voir un pays, son administration, son système social que par le biais des dérives bureaucratiques et des gaspillages conduit à en donner une image proche de la caricature. En accumulant dans un livre tous les dysfonctionnements de l’État, Agnès Verdier-Molinié s’expose à cette critique. Mais les angles d’attaque et les exemples touchent si souvent juste qu’on sort abasourdi de la lecture de son ouvrage, moins du fait de l’ampleur des problèmes recensés que du poids de l’immobilisme auquel se heurtent les tentatives d’y porter remède. Le premier chapitre est édifiant à cet égard. L’auteure rappelle que Bercy ou la Cour des comptes ont identifié 192 taxes « absurdes et inutiles » ayant un rendement inférieur à 150 millions d’euros. Et que, malgré les fières promesses de simplification, seules sept seront supprimées en 2015.

Une des cibles préférées de la directrice de la Fondation Ifrap, c’est la fonction publique et son statut. Une masse salariale de 262 milliards d’euros. Pour faire de réelles économies et de vrais redéploiements de postes, il faudrait, selon elle, imposer un gel des embauches pendant cinq ans, « dans le cadre plus large d’une fusion et réorganisation des collectivités locales et administrations ».

Au banc des accusés, le social tient une bonne part. « Les aides sociales, dénonce la pamphlétaire, c’est un peu la potion magique d’un État qui nous dorlote pour mieux nous endormir. » Elle s’en donne à cœur joie dans le maquis des 103 aides, irrigué par 700 milliards de dépenses. Le péché originel, selon elle, date de l’après-guerre, quand la décision fut prise de faire coexister un « système unique », la Sécu, et un fourmillement de régimes spéciaux. Cette construction baroque aboutit à une gestion des effectifs non optimale. Autre bête noire ? Le paritarisme, qui engendre ce monstre : une armada de 100 000 mandats d’administrateurs. Un puissant facteur de blocage de la formation professionnelle, véritable panier percé.

Poussant son rôle de poil à gratter jusqu’au bout, l’essai s’attaque à d’autres aspects de notre modèle social. Les 2 millions de jours de grève par an, la gestion des 915 138 enseignants, les 3 500 pages du Code du travail, nos « 10,3 semaines non travaillées par an en moyenne ». Le tout agrémenté de riches annexes qui permettent d’identifier les documents d’où sont extraits ces chiffres ravageurs. Partial et caricatural, diront les experts, avec de bonnes raisons. Mais il n’empêche, ce tableau général de nos dérives nationales donne à réfléchir.

On va dans le mur… il faut agir d’urgence, Agnès Verdier-Molinié. Éd. Albin Michel . 270 pages, 19 euros.

Auteur

  • Jean Mercier