À l’approche de la COP21 qui se réunit à Paris cet automne, les analyses sur les enjeux du réchauffement climatique se multiplient. Sortiront-elles enfin du cercle des initiés ? Le nouveau livre militant de la Canadienne Naomi Klein* a le mérite de nous mettre en face de nos responsabilités de citoyens sur ces questions qu’on croit, à tort, possible d’éluder de mois en mois puisque les effets sont à long terme. Plus surprenant, mais très argumenté, le choix du Guardian de faire campagne sur ce sujet à partir d’une analyse non plus seulement scientifique mais bien politique, économique et sociale. Espérons que s’ouvrira vite en France un vrai débat citoyen sur les choix de fond. Et pas uniquement des discussions d’experts, voire une manipulation médiatique, qui n’engagent pas de réelles trajectoires sur la transition énergétique. Évidemment, il faudrait aussi que « nos » écologistes cessent d’entretenir entre eux un climat délétère sur leur participation (ou pas) au gouvernement.

Le gouvernement prend ses responsabilités après l’échec, en janvier dernier, de la négociation interprofessionnelle sur le dialogue social en déposant un texte à ce stade équilibré. Il sera intéressant d’observer comment, lors des débats parlementaires, s’exprimeront les rapports de force politiques. Entre la majorité et l’opposition, mais aussi au sein du PS, alors en précongrès. Les parlementaires, on s’en souvient, lors de la transcription législative des précédents accords, prétendaient « corriger » ou « améliorer » la copie des partenaires sociaux. On verra bien s’ils sont capables eux aussi d’aboutir à des compromis équilibrés, et surtout lisibles et opérationnels. On peut craindre que tel ne soit pas le cas quand on voit comment s’est passé le débat sur la loi Macron. On n’est pas au bout des polémiques sur la représentation dans les TPE, sur la valorisation des parcours syndicaux ou sur la simplification des institutions paritaires. Sans oublier, là comme ailleurs, la sensibilisation sur les équilibres femmes-hommes. Les chiffres sont toujours aussi stupéfiants : sur 59 confédérations nationales, seules 5 sont présidées par des femmes ; en 2014 le comité exécutif du Medef compte 83 % d’hommes !

Dans la droite ligne des priorités du plan de lutte contre la pauvreté, ATD Quart Monde invite à une mobilisation contre le chômage de longue durée. À partir d’un chiffrage très détaillé du coût de ce chômage qui concerne plus de 2,2 millions de personnes (soit 39,6 % des chômeurs), l’association propose de multiplier des expérimentations « territoires zéro chômeur de longue durée ». En cumulant les coûts directs (dépenses ciblées pour l’emploi et dépenses sociales) et les coûts indirects (manque à gagner fiscal et cotisations sociales), elle évalue à environ 15 000 euros par demandeur la dépense qui pourrait être « activée » pour inciter des entreprises à embaucher en CDI et au Smic ces chômeurs de longue durée. Il faut soutenir ces expérimentations, car même en cas de croissance plus dynamique, les plus éloignés de l’emploi resteront privés des opportunités de la reprise.