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Burger King, le fast-recruteur

Décodages | publié le : 04.05.2015 | Éric Béal

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Burger King, le fast-recruteur

Crédit photo Éric Béal

Pour atteindre ses objectifs ambitieux d’ouverture de points de vente, la chaîne de restauration rapide doit recruter en masse. Revue de détail d’une stratégie bien calée, épaulée par Pôle emploi.

Après les files d’attente aux portes les premiers mois, les résultats 2014 ont confirmé le succès des restaurants Burger King en France. Début avril, le groupe Bertrand Restauration, qui possède la master franchise BK pour l’Hexagone, revendiquait un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros sur l’année passée. Pour 21 restaurants ouverts. Forte de ce succès commercial, Jocelyn Olive, directeur général de Burger King France, veut ouvrir des points de vente dans une quinzaine de nouvelles localités en 2015. Plus largement, l’enseigne ambitionne de prendre 20 % de part de marché à l’horizon 2023. À raison de 80 à 150 personnes par restaurant, le chantier du recrutement est l’une des priorités de Caroline Doguet, directrice juridique et ressources humaines. Mais ce n’est pas un sujet d’inquiétude. L’image du Whopper est excellente et attire les candidatures. Plusieurs milliers de CV ont déjà atterri sur le site Internet de BK.

Recrutements par simulation.

Centre commercial de la gare Saint-Lazare, à Paris, 8h55, un matin de milieu de semaine. Un flot de voyageurs traverse le hall d’attente sans un regard pour la façade du restaurant Burger King qui n’ouvrira ses portes qu’à 10 heures. À l’intérieur, une poignée d’équipiers s’active en rangeant des cartons d’ingrédients ou en disposant des couronnes en papier le long des baies vitrées. Le manager prend deux minutes pour accueillir, balai à la main, ce demandeur d’emploi qui espère pouvoir lui laisser son CV. « Pas d’inquiétude, explique-t-il. Je remettrai le document au directeur. On vous rappellera pour vous inviter à une séance d’information collective. Oui, même si vous êtes senior. » Officiellement, l’âge n’est pas un critère de sélection pour l’enseigne de restauration rapide. Mais la plupart des coéquipiers sont néanmoins très jeunes. À Saint-Lazare, la moyenne d’âge de l’équipe tourne ainsi autour de 23 ans.

Derrière cet accueil chaleureux se cache un modus operandi bien huilé. Une nécessité pour l’enseigne qui a annoncé vouloir recruter entre 3 000 et 4 000 personnes en 2015. « Nous acceptons les personnes n’ayant pas d’expérience particulière comme les professionnels de la restauration. Nous sélectionnons les premières avec l’aide de Pôle emploi et les seconds sur curriculum vitae et après entretien », indique Caroline Doguet. Le parcours des volontaires inexpérimentés à l’embauche suit plusieurs étapes. « Nous organisons des réunions d’information collective dans la ville où nous avons planifié une ouverture. Nous travaillons avec les équipes de Pôle emploi locales qui diffusent les annonces et invitent les volontaires le jour J », poursuit la DRH.

Après la présentation, les candidats postulent à un test qui se déroule sur une demi-journée. C’est la méthode de recrutement par simulation, ou MRS, chère à Pôle emploi. « Il s’agit d’identifier les habilités d’un candidat en le mettant dans un environnement matériel et humain qui reproduit les caractéristiques d’une situation professionnelle. Auparavant, nos équipes ont visité un site pour procéder à une analyse des postes à pourvoir en regardant les salariés travailler », décrypte Catherine Poux, directrice des services aux entreprises à Pôle emploi. Tests, jeux de rôle ou exercices d’habilité s’enchaînent sur fond de bande sonore reproduisant l’ambiance d’un restaurant BK. L’objectif est de déterminer si le candidat saura se rappeler d’une commande, nettoyer une table ou réagir calmement face à l’agressivité d’un client.

Tous ceux qui atteignent la moyenne sont reçus en entretien par la direction locale du futur site pour vérifier leur motivation. Quelque 500 personnes ont déjà été recrutées de cette façon par l’enseigne, qui apprécie la possibilité d’élargir son vivier de recrutement. En particulier dans les villes ou le nombre de professionnels de la restauration n’est pas très élevé. « La MRS nous permet d’ouvrir notre recrutement à des profils diversifiés et nous fait gagner beaucoup de temps dans le processus de sélection. Par ailleurs, les candidats qui en sont issus s’adaptent très bien aux équipes », affirme Caroline Doguet. Burger King n’est pas la seule chaîne de fast-food à utiliser l’outil développé par Pôle emploi. Certaines cessions sont d’ailleurs réalisées pour le compte de plusieurs enseignes en même temps. « Elles demandent les mêmes caractéristiques à leurs nouveaux recrutés. Et toutes insistent sur la nécessité de leur envoyer des candidats ayant une personnalité compatible avec le travail en équipe », indique Catherine Poux. L’objectif de BK est de recruter ainsi la moitié de ses équipiers. L’autre étant issue d’une sélection plus classique effectuée à partir des CV envoyés directement par les candidats.

Ascenseur social.

« Les directeurs de restaurant sont autonomes en matière de recrutement. Ils ont été formés à la conduite de l’entretien », précise la DRH. Tous les managers sont embauchés en CDI à temps plein. À l’ouverture d’un site, certains d’entre eux sont des professionnels aguerris de la restauration. À l’inverse, les équipiers se voient proposer un contrat à durée indéterminée à temps partiel de 24 heures hebdomadaires, durée minimale imposée par la convention collective. « Notre métier nécessite une bonne condition physique, affirme la DRH. Les étudiants sont les bienvenus chez nous car nous adaptons les plannings à leurs heures de cours. » Comme ses concurrents, Burger King demande aux embauchés leurs heures de disponibilité pour construire ses plannings de présence.

Les plus motivés peuvent cependant espérer une promotion rapide. Quelques semaines après l’ouverture d’un restaurant, une dizaine de personnes sont choisies par le management pour être formées à la gestion d’équipe et devenir « leaders » à temps plein. « On essaie de détecter des managers potentiels, précise la DRH. Ils doivent être attentifs et faire preuve de leadership. » Après trois à quatre mois minimum, l’enseigne peut leur proposer une formation plus sérieuse pour prendre du galon et devenir managers. « Nous promettons des promotions internes et un ascenseur social à ceux qui veulent s’impliquer », assure la DRH. Un discours facile à tenir pour une direction qui a planifié une vingtaine d’ouvertures par an. Reste à savoir si les employés des futurs franchisés auront les mêmes opportunités. À terme, 30 % des restaurants Burger King français seront en effet possédés par des indépendants. Et ces franchisés n’auront aucune obligation de ce type envers leurs équipiers.

EN CHIFFRES

9,61

C’est, en euros, le salaire horaire brut d’un équipier débutant chez BK, soit le Smic, comme dans la branche.

11,70

C’est le salaire horaire brut en euros d’un manager de premier niveau.

Source : convention collective.

Auteur

  • Éric Béal