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Idées

Itinéraire d’une bête noire syndicale

Idées | Culture | publié le : 02.04.2015 | A. F.

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Itinéraire d’une bête noire syndicale

Crédit photo A. F.

Pierre Jolivet reprend la veine du polar social, sans concession. Et donne à Olivier Gourmet un de ses meilleurs rôles.

On n’attendait pas Pierre Jolivet dans un registre si sombre. Inutile de chercher dans Jamais de la vie un début de promesse qu’un jour l’horizon s’éclaircira. Son quinzième film, qui reprend la veine du polar social, ouverte avec les comédies Fred (1997) ou Ma petite entreprise (1999), est le plus noir de tous. La faute à l’époque, selon le réalisateur engagé qui a débuté en montant des spectacles dans les usines en grève en mai 68. « Le sentiment d’un avenir bouché n’a jamais été aussi fort », commente-t-il. D’horizon, Franck, son personnage principal incarné par un époustouflant Olivier Gourmet, n’en a aucun.

Ex-syndicaliste, devenu « bête noire » des employeurs locaux pour avoir ferraillé contre la fermeture de son usine, il n’a pas travaillé pendant dix ans. Avant de trouver ce CDD de gardien de nuit dans un supermarché. C’est sur le parking désert, éclairé aux néons, qu’on retrouve le quinqua aux nuits trop longues et aux journées si courtes, qu’il passe à dormir dans son studio HLM, après avoir bu du whisky. « Pour moi, c’est plié », dit-il. Même s’il travaillait jusqu’à 70 ans, en prenant un second boulot, il finirait au minimum vieillesse.

Pierre Jolivet filme de près cet homme barricadé en lui-même. D’abord un corps à la dérive puis un corps en action, quand l’ex-meneur s’insurge contre un braquage. Pas un mot n’est prononcé durant les vingt dernières minutes, celles de la résurrection de l’antihéros qui y laissera sa peau.

Jamais de la vie (95 minutes) de Pierre Jolivet, avec Olivier Gourmet. En salle le 8 avril.

Auteur

  • A. F.