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Édito

Debout les gars réveillons-nous !

Édito | publié le : 02.04.2015 | Stéphane Béchaux

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Debout les gars réveillons-nous !

Crédit photo Stéphane Béchaux

On croit rêver. Au soir du premier tour des élections départementales, il fallait voir la mine réjouie – ou tout du moins rassurée – des principaux leaders de l’UMP et du Parti socialiste. Ah, non, le Front national n’est donc pas devenu le premier parti de France. Il a échoué, il marque le pas, il manque de jus… Hourra ! Quel soulagement ! Quel triomphe de l’esprit du 11 janvier ! Mais, enfin, aurions-nous tous perdu la tête ? Serions-nous tous devenus aveugles et sourds ? Comment peut-on trouver réconfortant que le FN, crédité de 30 % des voix par les sondages, n’en obtienne que 25 ? En quoi y a-t-il là matière à satisfaction ?

Il y a treize ans, le 1er mai 2002, des centaines de milliers de Français manifestaient pour dire leur effroi d’un Jean-Marie Le Pen accédant au second tour de la présidentielle. Avec 16,86 % des voix. Et nous voilà aujourd’hui ragaillardis par le faible score obtenu par sa fille… de huit points supérieur ! À ce rythme-là, dans deux ans, combien fouleront le pavé lorsque Marine Le Pen se qualifiera pour le sprint final de la course à l’Élysée ? Y aura-t-il même la moindre manif ? Et, surtout, qui croira encore à l’efficacité de tels défilés pour endiguer la poussée de l’extrême droite ?

Des voix se sont malgré tout élevées ces dernières semaines pour rappeler leur attachement aux principes républicains. Et dénoncer l’ineptie des recettes du Front national en matière économique et sociale. Les syndicats l’ont fait, le Medef aussi. Mais on avoue douter qu’un appel à la raison lancé par Pierre Gattaz ait la moindre chance de succès auprès des petits patrons séduits par la vague Bleu Marine. De même pour les beaux discours prononcés par les leaders syndicaux à destination des perdants de la mondialisation. Car, hélas, les partenaires sociaux s’avèrent sur ce plan tout aussi inaudibles que les vieux partis traditionnels. Normal, eux aussi s’adressent aux insiders, pas aux exclus du marché du travail.

Puisque parler ne sert à rien – et que se taire est encore pire ! –, peut-être faudrait-il se décider enfin à agir. Mais pour faire quoi ? À l’Élysée, on scrute le ciel. Tel un marin coincé dans le « pot au noir », priant pour qu’une petite brise se lève et relance la machine. Fort bien, un peu de croissance ne saurait faire de mal. Surtout pas aux finances publiques. Mais dans le fond, tout le monde pressent que les ruptures majeures à l’œuvre exigent d’inventer de nouvelles régulations, un autre modèle social. Et pas seulement de rafistoler sans cesse nos vieux dispositifs, qu’il s’agisse de l’assurance chômage, du contrat de travail, des retraites. Pour survivre à la révolution numérique, qui balaie tout et dont nous n’avons vu que les prémices, il faudra bien sortir des conservatismes et des recettes éculées. Au risque, sinon, de laisser le FN prospérer. Encore et encore.

Auteur

  • Stéphane Béchaux