Les formations RH ne cessent de s’enrichir et de s’affiner. L’insertion des diplômés et la réponse aux besoins du marché deviennent l’obsession des responsables de 3e cycle. Une bonne nouvelle pour les étudiants et les DRH.
Les palmarès des formations RH se suivent mais ne se ressemblent plus. Tout d’abord parce que la nouvelle édition du classement réalisé par Liaisons sociales magazine distingue désormais les 15 meilleures formations initiales en gestion des ressources humaines. L’écart entre les unes et les autres est si ténu qu’il nous a semblé pertinent d’ouvrir plus largement le palmarès et de ne pas laisser dans l’ombre des formations d’excellent niveau. Ensuite parce que la domination du classement par une seule et même formation n’est plus de mise. La concurrence entre les cursus pour atteindre l’excellence et l’inventivité des responsables des programmes pour se démarquer et répondre aux attentes du marché sont telles que cette édition 2015 est chamboulée.
En tête du classement, le master Management des ressources humaines de l’université Lille I. Dirigée par Sébastien Richard, cette formation figure depuis de nombreuses années parmi les trois premières du palmarès. Ses concurrents devaient donc s’attendre à ce qu’un jour le master lillois monte sur la première marche du podium. Sébastien Richard n’a de cesse de faire évoluer son programme afin de donner aux étudiants toutes les clés pour réussir. C’est d’ailleurs la seule formation présente dans tous les classements intermédiaires que nous utilisons pour bâtir le palmarès (voir la méthodologie page 53). Insertion, professionnalisation, ouverture internationale ou encore sélection, l’enseignant est attentif à tous les sujets. La recherche reste aussi au cœur de ses préoccupations.
Pour cela, le master ne cesse d’innover. À Lille, depuis plusieurs années par exemple, les étudiants peuvent compléter leur formation par des parcours optionnels qui leur donnent une spécialisation : management des ressources humaines à l’international, relations sociales, expertise RH en PME, recherche. Des parcours qui n’ont rien d’anodin. Les étudiants qui les choisissent ajoutent entre 100 et 210 heures de formation aux 470 heures du programme. Une façon habile de répondre aussi bien aux besoins du territoire et de ses PME qu’à ceux des entreprises du CAC 40, tournées vers l’international et dont les sièges sociaux sont majoritairement parisiens. Le master de l’université Lille I n’est d’ailleurs plus le seul à proposer ce type de parcours. Les programmes de l’université Dauphine, et plus récemment celui de l’IGS-RH, le font également.
En tête de notre classement en 2012, le mastère spécialisé en management des RH et des organisations de l’ESCP Europe arrive désormais en troisième position. Il s’est fait supplanter par Lille I mais aussi par le master en management stratégique des ressources humaines de l’Institut d’administration des entreprises de Grenoble, qui prend la deuxième place. Une autre formation tapie dans l’ombre des palmarès successifs car toujours présente dans les classements intermédiaires. Piloté par Emmanuel Abord de Chatillon depuis deux ans, le master avait commencé sa mue quelques années auparavant sous la houlette de Christian Defélix, le précédent responsable du programme désormais à la tête de l’IAE. L’innovation sociale et la qualité de vie au travail – à travers l’observation de l’activité et non plus seulement à travers la maîtrise des processus RH – sont au centre de ce programme très complet.
Autre nouveau venu, le MBA spécialisé en gestion des RH et de la mobilité internationale proposé par l’ENS Cachan en partenariat avec l’Institut Magellan et piloté par Yves Girouard. Les promotions sont composées quasiment à parts égales de jeunes en poursuite d’études et de salariés en formation continue. Difficile d’écarter ce programme de très haut niveau du palmarès des formations initiales alors que les mastères spécialisés en font partie et que les masters 2 universitaires accueillent aussi de nombreux jeunes déjà titulaires d’un master d’une autre spécialité. Arrivé en cinquième position, il est un concurrent sérieux du master en management des ressources humaines internationales du Ciffop et d’une autre très bonne formation, le master GRH dans les entreprises multinationales de l’IAE Gustave-Eiffel.
Le Ciffop est présent cette année deux fois dans le classement. L’institution multiplie en effet les formations en GRH. À l’historique master Gestion des ressources humaines et relations du travail s’ajoute désormais un master en management des ressources humaines internationales. Deux formations, deux promotions, deux programmes très différents que nous sommes obligés de séparer, même si ces deux parcours partagent des moments pédagogiques, comme le voyage d’études à l’étranger. Résultat, la formation internationale du Ciffop arrive en quatrième position, quand la formation pionnière du Ciffop doit se contenter de la sixième place. Mais ce qui a fait la renommée de cette formation durant de longues années et lui a permis de creuser l’écart avec ses concurrentes n’a pas disparu. Loin de là.
Ce qui a changé, c’est que les autres formations ont réussi à offrir le même niveau d’excellence et de proximité avec les professionnels des ressources humaines. Un exemple : les très bonnes formations de la place se sont toutes dotées d’un comité de pilotage composé de professionnels pour les aider à ajuster les programmes au plus près des besoins du marché. Le coaching individuel (ou en petits groupes) des étudiants par des professionnels est également devenu la norme pour les plus attentifs à l’insertion des étudiants sur le marché du travail. Cela devrait encore le rester lorsqu’on observe les prévisions peu encourageantes de recrutement émanant des DRH interrogés (voir les résultats de notre sondage Inergie/ANDRH/Liaisons sociales magazine, page 56).
A.-C. G.
Pour réaliser ce palmarès, nous avons interrogé l’ensemble des responsables de formation au moyen d’un questionnaire en ligne complété d’un long entretien.
Pour construire le palmarès final, nous nous appuyons sur quatre critères : la sélectivité, la professionnalisation, l’attention portée à l’insertion professionnelle, l’ouverture internationale. Mais aussi sur les entretiens, qui nous permettent de comprendre l’ambition du programme et de jauger le travail de terrain mené d’année en année. Une façon d’évaluer la vitalité d’une formation. Nous avons par ailleurs cherché à mettre à distance les stéréotypes et autres préjugés pour évaluer le plus honnêtement possible le travail de chacun. Pour Liaisons sociales magazine, les formations parisiennes ne sont pas plus prestigieuses que les formations provinciales : la notoriété d’une marque ou d’une école, le prix du cursus ne font pas sa qualité.
Voir l'intégralité des tableaux du palmarès 2015 des formations initiales RH en PDF (réservé aux abonnés*)
