On ne sait si Françoise défilera le 15 mars, comme nombre d’infirmières, contre le projet de loi santé. Mais on en doute, vu le nombre hallucinant de patients que la Lyonnaise voit presque quotidiennement. « Mes enfants sont grands, je me le permets », précise la quinqua toujours souriante, à pied d’œuvre de 7 heures à 16 heures au domicile d’octogénaires ou de nonagénaires, dépendants ou isolés, qu’elle accompagne dans leur fin de vie. Qu’elle les aide à se lever, à faire leur toilette ou les soigne, de ses mains et de ses mots. On le comprend vite, le soin, à travers l’échange, maintient un lien social, délité ou faussé avec la famille.

Trop souvent, la visite de « l’étoile filante » est, pour ses patients, le seul contact avec l’extérieur qui leur reste. Et il est décoiffant, direct, sans apitoiement. « Je n’ai jamais dit à un patient “vous irez mieux”, ce serait l’insulter », lâche Françoise, confrontée chaque jour à la lassitude de vivre de l’un ou de l’autre. Sa réponse : les remettre dans la vie, quitte à charrier. « On dirait un vieux plumeau ! » dit-elle à une femme qu’elle coiffe. « Vous vous sentez seul ? Ce sont les désagréments de la vieillesse », assène-t-elle à un autre. Rude ? Non, « ma mission, c’est de réussir la vieillesse des gens », souligne-t-elle. Bref, de rendre plus acceptable la mort qui arrive. Dans ce documentaire sensible, Olivier Ducray nous rappelle la vie, qu’on néglige souvent, de nos aînés et interroge. Quels moyens se donne-t-on pour ces maintiens à domicile ?

La Vie des gens (1 h 25 min), documentaire d’Olivier Ducray. Sortie le 4 mars.