Le marché du travail français subirait « une grande fracture » selon une note de l’Institut Montaigne, un think tank d’obédience libérale, publiée le 12 février 2015. La partie la « moins éduquée » de la population active connaît aujourd’hui « un taux de chômage voisin de 15 % », alors que les actifs « qui ont fait des études au-dessus du niveau du bac font face à un taux de chômage […] voisin de 5 % ». D’un côté, le chômage et la précarité toucheraient surtout les moins qualifiés ; de l’autre, les diplômés accapareraient les postes les plus rémunérateurs. Entre les deux, le vide, puisque les emplois industriels « moyennement payés » ont été détruits, principalement par le progrès technologique et dans une moindre mesure par les délocalisations.

À rebours de la thèse de l’économiste Thomas Piketty, désormais mondialement connu, pour qui la montée des inégalités provient de la concentration des richesses, la « polarisation » ici décrite tient moins à l’émergence « d’une classe de capitalistes rentiers » « qu’à la montée en puissance des détenteurs de “capital humain” ». La solution préconisée : accentuer la baisse des cotisations au niveau du Smic pour que les non-diplômés accèdent aux nouveauxemplois non qualifiés de notre société postindustrielle, dans la santé ou la garde d’enfants. Pas très révolutionnaire… Les gouvernements successifs s’y sont déjà employés.