Toujours prompts à revendiquer les prérogatives de « la Nation », les chefs d’État se trompent d’époque en matière de fiscalité. C’est en tout cas fort de cette conviction qu’on sort du documentaire du réalisateur canadien Harold Crooks. Car nos gouvernants en sont restés au XIX^e siècle, quand, dotées de moyens électroniques d’échange de données, les multinationales se jouent « légalement » des frontières et des systèmes fiscaux. D’un économiste à un ancien deputy policy chairman à la City en passant par un ancien président de l’Autorité monétaire des îles Caïmans, le réalisateur chevronné enchaîne les entretiens sans fatiguer son public. En s’appuyant sur de magnifiques images (tel le Griffon, emblème de la City, en photo ci-dessus) qui facilitent les transitions. Et en recourant à une voix off qui éclaire les propos des interviewés.

Son projet est simple : montrer comment le stockage offshore des richesses mondiales met en danger les États providences et les classes moyennes partout dans le monde. Au passage, le spectateur découvre que ce sont des banquiers londoniens qui ont mis sur pied le système des paradis fiscaux, dans les ex-colonies britanniques. Seul bémol du documentaire, les conséquences en termes d’inégalités sociales ne sont qu’évoquées. Et rien n’est dit des répercussions sur le monde du travail. Reste la conviction, que Harold Crooks fait partager, que sans coopération internationale la démocratie est en danger.

Le prix à payer, de Harold Crooks (1 h 33). Sortie le 4 février.