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Édito

Après l’effroi, l’immense désarroi

Édito | publié le : 02.02.2015 | Stéphane Béchaux

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Après l’effroi, l’immense désarroi

Crédit photo Stéphane Béchaux

Les trois jours de folie meurtrière qu’a connus l’Hexagone, début janvier, glacent d’effroi. On savait la France malade du chômage, de la crise, d’un système éducatif à bout de souffle. On la découvre en lambeaux, capable d’engendrer des fous sanguinaires, nés sur son sol, ayant fréquenté ses écoles et grandi dans sesmurs. Bien sûr, le formidable élan de mobilisation des 10 et 11 janvier fait chaud au cœur. Cette immense foule silencieuse venue rendre hommage aux 17 victimes des actes terroristes a quelque chose de rassurant. Elle montre un peuple debout, capable de s’unir quand l’essentiel est en jeu, ses valeurs républicaines qu’on croyait acquises. Par tous et pour toujours.

Passé le choc, reste à construire l’avenir. Pour que la vie « d’après » ne ressemble pas à celle « d’avant », qui a rendu cette barbarie possible. On aimerait déborder d’espoir, croire aux lendemains qui chantent, enfin. Mais on n’y arrive pas. Car personne n’a le début d’une solution pour éviter que de tels actes ne se reproduisent. Oh ! la classe politique, de droite comme de gauche, ne manque certes pas d’idées ! Mais qui peut être convaincu que des peines de dé gradation nationale, des suppressions d’allocations familiales, des cours de morale républicaine seront d’un quelconque secours ? Qui peut prétendre que de tels projets, mis en œuvre plus tôt, auraient retenu le bras vengeur des trois djihadistes tricolores ?

Au concours Lépine des mesures symboliques, mais inefficaces, les prétendants ne manquent pas. À celui des propositions de fond, susceptibles de changer la donne, si. Qu’on ne se raconte pas d’histoires. Ces actes horribles ne viennent pas de nulle part, ils sont le fruit pourri d’une fracture sociale béante. Voilà des dizaines d’années que la France assiste, impuissante, à l’éclatement de son corps social. Avec, d’un côté, des citoyens éduqués, intégrés, aisés, qui profitent du progrès technologique et de la libéralisation des échanges. Et, de l’autre, des populations abandonnées sur le bord du chemin qui, sans repère ni horizon, subissent les contrecoups de la mondialisation. Et se cherchent des raisons d’exister. Certains s’engagent, militent, se battent. D’autres tombent dans le repli communautaire ou le fanatisme.

Nul ne sait si notre nation revivra des drames de cette nature, demain ou plus tard. Ni à quelle fréquence. Mais tout le monde peut déjà prédire que la France se prépare des jours extraordinairement difficiles si elle ne parvient pas à mettre un terme à la crise économique et sociale qu’elle subit. En la matière, on ne voit absolument rien venir qui incite à l’optimisme. Ni du côté des dirigeants politiques, en panne de projet crédible. Ni de celui des entreprises, fussent-elles citoyennes, qui se battent pour survivre dans la compétition. Face à ces enjeux, impossible, en tout cas, de se contenter de la loi Macron. Tellement dérisoire, avec ou sans union nationale.

Auteur

  • Stéphane Béchaux