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Idées

Réforme de l’État, une vision libérale

Idées | Livres | publié le : 29.12.2014 | Jean Mercier

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Réforme de l’État, une vision libérale

Crédit photo Jean Mercier

Assurance maladie, marché du travail, retraites…, l’auteure s’attaque à l’État providence à la française.

Serait-il enfin temps de remettre sur le métier cette réforme de l’État dont on parle tant dans notre pays en se gardant bien de la faire ? C’est du moins la conviction de l’économiste Cécile Philippe qui publie un livre pour plaider en faveur d’une politique osant « remettre l’État à sa place ». On le sait, en France, les dépenses publiques, qui ne représentaient que 10 % de la richesse produite au début du XXe siècle, se situent aujourd’hui à 57 %. Les prélèvements obligatoires y atteignent 46,5 % du PIB en 2014. L’auteure rappelle ce fait plus qu’inquiétant sur notre capacité à remettre en question cette dérive étatique : « Parmi les 185 pays suivis par le FMI, seuls l’Éthiopie, la Grèce, le Lesotho, Madagascar, le Mozambique et la France n’ont pas équilibré leurs comptes depuis 1980. »

Il ne faut pourtant pas croire qu’il s’agit d’une fatalité. À condition de ne pas se voiler la face, en faisant par exemple de notre modèle d’État providence une vache sacrée intouchable. Du moins est-ce l’idée défendue par Cécile Philippe, qui consacre la seconde partie de son ouvrage à des chantiers de réforme surtout situés dans la sphère de l’État social. La santé, pour commencer : la mauvaise solution à la croissance continue des dépenses d’assurance maladie, c’est l’étatisation de son financement, ce qui est en cours actuellement un peu partout. « Le meilleur garde-fou est sans doute d’introduire davantage de concurrence dans le système », affirme la directrice de l’Institut économique Molinari, citant l’expérience hollandaise.

Autre réforme inachevée à ses yeux, celle des retraites, puisque, en bonne libérale, la seule solution qu’elle prône est la capitalisation. « Pour réformer de façon pérenne et juste les retraites, prévient toutefois Cécile Philippe, il faut accepter que l’État doive se focaliser sur les tâches prioritaires et miser sur le dynamisme d’un marché du travail libéré pour le reste. » Cette réforme du marché du travail fait l’objet d’un chapitre entier. L’économiste n’innove guère dans ses prescriptions : supprimer le smic, abaisser les charges sociales, s’affranchir d’une durée légale du travail pour la soumettre à négociation, introduire de la concurrence aussi dans l’assurance chômage… Enfin, pour faire bonne mesure, le livre s’attaque au principe de précaution qui confère la gestion des risques technologiques à l’État. Une pensée cohérente mais qui pèche par l’absence d’un minimum de pragmatisme et de prise en compte des contraintes politiques, c’est-à-dire, on l’oublie trop souvent, humaines.

Trop tard pour la France ? Osons remettre l’État à sa place, Cécile Philippe. Éditions Manitoba/Les Belles Lettres. 158 pages, 19 euros.

Auteur

  • Jean Mercier