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Idées

Le compte est bon…

Idées | bloc-notes | publié le : 29.12.2014 | Catherine Barbaroux

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Le compte est bon…

Crédit photo Catherine Barbaroux

2015…

… sera une année forcément mouvementée, elles le sont toutes ! Mais comme l’a dit l’écrivain Patrick Modiano, lors de la remise de son prix Nobel, à propos du risque de succomber au découragement, espérons que « la route finira bien par être plus stable et que le brouillard se dissipera ». En ce début d’année, on n’en prend pas le chemin. Car plusieurs droits nouveaux, issus de la négociation interprofessionnelle et retranscrits dans la loi, entrent en vigueur. Sous la forme de « comptes individuels » qui suscitent la polémique.

Compte personnel de formation : cherchez la dif…

À propos du compte personnel de formation (CPF), on est tenté d’écrire « cherchez la dif… férence ». Il faut espérer qu’il y en aura vraiment une, tant le DIF a suscité de déception dans sa capacité à flécher la formation vers ceux qui avaient le plus besoin d’adapter ou d’élargir leurs compétences. Donc, depuis le 1er janvier, toute personne, dès l’âge de 16 ans, dispose d’un CPF consultable et gérable à distance. Il faut en premier lieu se réjouir du bon usage du numérique au service des droits sociaux. Et saluer la prouesse technique de la Caisse des dépôts et consignations et des ministères concernés. Attaché à la personne et non au statut de salarié, ce compte pourrait préfigurer aux yeux des plus optimistes ce compte « unique » (à ne pas confondre avec le très polémique contrat unique !) qui sécuriserait les parcours professionnels, combinant des droits, que l’on soit salarié en CDI, en CDD ou en intérim (voire en apprentissage dès 15 ans), travailleur indépendant ou demandeur d’emploi. Un compte capable de vaincre l’étanchéité des gestionnaires et la complexité des modes de comptabilisation. Même limité à la formation, on aurait aimé davantage de communication autour de ce nouveau dispositif qui, associé au conseil en évolution professionnelle, devrait donner à tout un chacun la capacité d’être acteur de son orientation. Où sont les voix fortes qui devraient promouvoir cette avancée ?

Compte personnel pénibilité : cherchez l’erreur

Là, en revanche, on entend les contestations, y compris – fait rare pour les chefs d’entreprise – dans la rue. Manifestement le compte n’y est pas… ou plutôt si, mais à la manière du décompte du K-O sur le ring ! Et rien ne dit que ce compte personnel de prévention de la pénibilité verra le jour dans les délais, même si les décrets ont été signés, malgré la bronca patronale. Pourtant l’objet devrait faire consensus : l’inacceptable écart d’espérance de vie lié aux conditions de travail ne peut laisser personne indifférent, et surtout pas les employeurs. En 2011, les partenaires sociaux ont défini dix critères de pénibilité qui ont été inscrits dans le Code du travail : c’est beaucoup mais c’est malheureusement le reflet d’une exposition à des risques professionnels aux effets variables en gravité et en intensité. De l’UIMM à la CGPME, on stigmatise la complexité, les effets pervers , le coût de mise en œuvre de ce compte dont l’application est pourtant progressive (quatre critères en 2015, les autres en 2016). En dépit du temps accordé à la négociation, et de la mission confiée à Michel de Virville, fin connaisseur des con ditions de travail dans l’industrie. On aimerait que des voix encore plus fortes s’élèvent pour dire qu’on ne doit pas transiger avec la prise en compte d’une pénibilité définie par « les traces durables, identifiables et irréversibles » qu’elle est susceptible de laisser sur la santé.

Auteur

  • Catherine Barbaroux