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Idées

La morale face au marché

Idées | Livres | publié le : 29.12.2014 |

La marchandisation croissante de la société amène les économistes, dont notre Prix Nobel Jean Tirole, à se poser de plus en plus la question de ce qu’il est moralement légitime de laisser à l’appréciation du marché et de ce qui doit lui être soustrait. Dès que l’on quitte le confort des certitudes idéologiques, le sujet devient fort complexe. Par exemple, le « droit à polluer » existe, faut-il l’étendre au droit de tuer des rhinocéros ou des éléphants ? Le recours à une mère porteuse doit coûter combien ? Le numéro de téléphone portable du médecin de famille peut-il devenir un « premium » payant pour ceux qui le désirent ?

Aux États-Unis, note le philosophe Michael J. Sandel, auteur de ce livre, « les retraités, les coursiers, ainsi que, de plus en plus, les sans-abri recrutés par les agences de line-standing bravent les intempéries pour occuper une place dans une queue ». Sa réflexion renvoie à deux questions : le marché peut remplir bien des rôles dans la société mais à condition que celle-ci ne soit pas trop inégalitaire – or il contribue à ces inégalités – ; c’est à la démocratie de dresser des limites au marché, mais il faut pour cela que les citoyens aient le désir, et la possibilité, de vivre ensemble.

Ce que l’argent ne saurait acheter, Michael J. Sandel. Éditions Seuil . 334 pages, 22 euros.