Quelles sont les entreprises avec lesquelles vous travaillez ?

Nous avons créé cette chaire d’enseignement et de recherche en juin 2013. Nous pensions travailler avec les industriels de l’écosystème grenoblois, comme Hewlett-Packard. Très vite, nous avons eu beaucoup de demandes des collectivités territoriales. Aujourd’hui, sur quatorze partenaires, sept sont des communes ou des conseils généraux. La question de la qualité de vie au travail est vivace dans ces organisations.

Vous parlez de qualité de vie au travail et non de risques psycho sociaux. Pourquoi ?

On observe une bascule du thème des RPS vers la QVT. Les chercheurs ont longtemps eu du mal à conceptualiser les RPS, à proposer des grilles d’analyses à partir de la souffrance au travail. Sur la QVT, nos chercheurs travaillent sur la théorie de la conservation des ressources. Notre approche est celle de gestionnaires et non de psychologues. L’objectif est de déboucher sur des propositions managériales concrètes. Un autre axe de travail porte sur le management de la santé au travail en situation de changement organisationnel. Plusieurs de nos partenaires se trouvent dans ce contexte. Ils ont besoin de nos conseils et de nos propositions sur le sujet.

Comment intervenez-vous dans les entreprises ?

Les résultats de nos recherches viennent d’observations et d’expérimentations. Comme dans cette commune confrontée à l’absentéisme de ses agents. Nous avons choisi d’y évaluer la capacité des espaces de discussion à créer et à renforcer les collectifs de travail. Cent vingt personnes ont participé à ces groupes de travail.

Quels enseignements en avez-vous tiré ?

Nous avons constaté des impacts très concrets sur la capacité des agents à être plus proactifs dans leur organisation. Nous avons aussi identifié que tous les participants avaient développé des compétences, pris une autre ampleur dans l’organisation et avaient créé des réseaux de travail en commun qui contribuaient à leur bien-être.

Les entreprises peuvent-elles se former à la QVT ?

Oui, et c’est indispensable ! La QVT produit de la performance. Elle n’est pas en opposition avec elle. Elle en est la condition nécessaire. Nous sommes en train de monter un dispositif de formation pour organiser le transfert de connaissances et former des professionnels. Les entreprises doivent comprendre que s’occuper de la QVT, c’est avant tout s’occuper du travail, de son sens, des collectifs de travail.