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Face à la persistance du chômage, faut-il booster l’emploi aidé ?

Actu | L’éco du mois | publié le : 03.12.2014 |

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Face à la persistance du chômage, faut-il booster l’emploi aidé ?

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Xavier Timbeau : oui

Quand le chômage dure et qu’il est majoritairement involontaire – ce qui est le cas aujourd’hui, sans l’ombre d’un doute –, les contrats aidés sont nécessaires pour limiter les dégâts sur le marché du travail. Ils n’inverseront pas la courbe du chômage à eux seuls, mais ils sont un outil indispensable pour traiter la question de la file d’attente qui s’instaure en cas de chômage involontaire. On considère généralement que le marché du travail est dual, aidé en cela par des rigidités excessives, dont le contrat de travail, qui creusent un fossé entre les insiders, qui se protègent, et les outsiders, qui subissent les ajustements. C’est oublier qu’une autre dualité existe entre ceux qui disposent d’une qualification ou d’une expérience (pour faire court un capital humain) et ceux qui vont grossir les rangs de la main d’œuvre substituable.

Quand le chômage monte, les qualifiés ou les expérimentés peuvent toujours accepter un emploi moins qualifié, pour une rémunération plus basse. Mais du coup, ce sont les derniers dans la file d’attente qui subissent les plus longues périodes de sous-emploi. Les contrats aidés sont là précisément pour contrecarrer cette logique, à la condition qu’ils soient correctement ciblés. Ils sont alors un moyen efficace – et finalement peu onéreux pour les finances publiques puisqu’ils coûtent presque aussi cher que le régime d’assurance chômage – de limiter la scarification par le chômage de longue durée. Une autre condition est importante : la capacité à assurer le retour sur le marché du travail, voire à procurer une formation. L’expérience des emplois jeunes à la fin des années 1990 a été mitigée. Le retour sur le marché du travail a été négligé et la formation oubliée. Une leçon à retenir.

André Zylberberg : non

Les évaluations menées dans de très nombreux pays, y compris la France, montrent qu’occuper un emploi aidé dans le secteur non marchand n’améliore pas les perspectives de retour vers un emploi « régulier ». Accompagner simplement mais intelligemment la recherche d’emploi d’un chômeur paraît même plus efficace ! La raison Ces programmes n’augmentent pas les capacités de ceux qui les suivent et envoient, en conséquence, un mauvais signal aux employeurs. En revanche, ces mêmes évaluations montrent que les contrats aidés dans le secteur marchand, à l’instar de l’apprentissage, ont des effets nettement plus favorables sur le devenir des bénéficiaires. Ces derniers se trouvent d’emblée dans une vraie situation de travail qui accroît leurs capacités et leurs qualifications aux yeux des futurs employeurs.

En France, près d’une centaine de dispositifs d’emplois aidés se sont succédé depuis la fin des années 1970. Mais, en règle générale, ils concernent massivement le secteur non marchand. Ainsi, dans la loi de finances pour 2014, le budget annoncé pour le contrat unique d’insertion dans le non-marchand (CUI-CAE) était de 2,2 milliards d’euros pour un effectif de 340 000 personnes. La dotation prévue pour le contrat unique d’insertion dans le secteur marchand (CUI-CIE) ne s’élevait, elle, qu’à 165 millions d’euros et ne devait profiter qu’à 40 000 bénéficiaires. Notre politique marche donc à rebours de toutes les évaluations disponibles en la matière. Les emplois aidés devraient être massivement réorientés vers le secteur marchand. Les autres contrats, dans le non-marchand, devraient, eux, être étroitement ciblés sur les personnes les plus éloignées de l’emploi et accompagnés d’une formation, ou d’une reformation, de qualité.

POUR EN SAVOIR PLUS

Les contrats aidés de 2005 à 2011, étude de la Dares, février 2014

http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2014-011.pdf

Le marché du travail : face à un chômage élevé, mieux cibler les politiques, rapport de la Cour des comptes, janvier 2013

http ://www.ladocumentationfrancaise.fr