logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

À la une

Guerre d’influence entre acteurs

À la une | publié le : 04.11.2014 | A.-C. G.

La profession en appelle au respect des normes et de la fiscalité.

Bienvenue à la maison », peut-on lire sur la page d’accueil d’Airbnb, la plate-forme de location d’appartements entre particuliers. Créé à San Francisco en 2008, le site star de l’économie collaborative a déjà permis à 20 millions de voyageurs de réserver un séjour dans l’un des 800 000 logements à travers le monde. Et la France n’est pas en reste. Avec 100 000 hébergements disponibles, dont 30 000… pour la seule ville de Paris. À côté du rouleau compresseur américain, le site français Sejourning a plutôt l’allure d’un Petit Poucet. En trois ans d’existence, 10 000 utilisateurs y sont passés. « Nous misons surtout sur notre nouvelle plate-forme, Misterbnb, qui s’adresse à la communauté gay et gay-friendly », indique François de Landes, cofondateur du site. Et pour cause. En un an, 10 000 inter nautes ont utilisé ce service. Et l’entrepreneur se fait désormais draguer par des investisseurs californiens, prêts à placer plusieurs millions de dollars sur le projet.

INVESTISSEURS ALLÉCHÉS

En coulisses, une vraie guerre d’influence se joue entre les hôteliers, les métropoles, l’État et ces nouveaux trublions du tourisme. « Dix appartements loués sur Airbnb équivalent grosso modo à un hôtel de 15 chambres, soit cinq emplois, calcule le Lyonnais Laurent Duc, président de la branche de l’hôtellerie (Umih). C’est autant d’emplois que l’on perd et autant de cotisations salariales et patronales qui ne financent plus notre système de protection sociale », fustige l’hôtelier. La profession est d’autant plus remontée que des investisseurs n’hésitent plus à acheter des appartements pour les consacrer entièrement à la location sur Airbnb. Pour se défendre, l’Umih interpelle le législateur, mais aussi les grandes métropoles, qui voient s’évaporer une part de taxe de séjour. « La question a été résolue avec la loi Alur qui encadre la location touristique de courte durée. Les particuliers ne doivent pas dépasser quatre mois de location dans l’année. Et les propriétaires qui louent leur résidence secondaire doivent faire une déclaration de changement d’usage auprès de leur commune », tempère Nicolas Ferrary, le patron d’Airbnb en France. Anne-Catherine Péchinot, directrice générale de Gîtes de France, ne voit pas dans ces nouveaux acteurs de redoutables concurrents. « Nous proposons finalement le même service mais de façon plus professionnelle car nous labélisons les gîtes et professionnalisons nos adhérents. »

Du côté des groupes hôteliers, on ne semble pas non plus s’alarmer outre mesure. Chez Accor, on assure ainsi ne pas vouloir combattre le développement des services hôteliers alternatifs. « Dans la mesure où ils respectent les mêmes réglementations en matière de fiscalité, de normes de sé curité et d’accessibilité », précise néanmoins le groupe, qui n’a pas souhaité répondre davantage à nos questions.

Et c’est bien là que le bât blesse. Ni l’Inspection du travail ni la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ne peuvent entrer chez les particuliers. « Ça ne les empêche pas de contrôler nos entreprises », pointe François de Landes, le DG de Sejourning. « La DGCCRF nous reproche de ne pas contrôler les annonces et les appartements mis en location. Mais le modèle des entreprises de l’économie collaborative repose sur des principes de réputation et de confiance entre les particuliers. C’est sa force et son originalité. »

Pour montrer sa bonne volonté, la plate-forme française dit avoir proposé à la Ville de Paris de collecter la taxe de séjour auprès des particuliers pour ensuite la lui reverser. Son grand concurrent californien Airbnb milite de son côté pour la création d’un site Internet dédié, par ville concernée, sur lequel les particuliers iraient directement payer la taxe. La bataille ne fait que commencer.

Auteur

  • A.-C. G.