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Idées

Chaud devant !

Idées | Bloc-notes | publié le : 03.10.2014 | Dominique-Jean Chertier

Météo sociale

Le temps est révolu où les grands leaders syndicaux enregistraient en juillet, avant de partir en vacances, leurs messages de rentrée qui étaient diffusés vers la fin août. Des messages de mobilisation et des prédictions presque systématiques d’un automne chaud, qui galvanisaient le militant et tétanisaient patrons et gouvernants. De nos jours, l’actualité est faite des applaudis­sements du patronat, sur l’herbe, saluant à Jouy-en-Josas, lors de l’université d’été du Medef, le changement de cap gouvernemental, en se convainquant de la nécessité d’y croire. Et les syndicats, du moins certains d’entre eux, d’annoncer une mobilisation nationale pour les semaines à venir, en espérant canaliser le désabusement à défaut de peser sur le cours de l’histoire sociale. Sachant qu’en ces temps de disette l’ambition n’est plus d’obtenir, mais simplement de protester ou le plus souvent de déplorer. Mais qu’arriverait-il si, d’aventure, une conjonction de désespoirs conduisait à une déflagration générale ? Avec des pouvoirs politiques, patronaux, syndicaux souvent critiqués, parfois discrédités, rarement écoutés. Il faudrait alors reprendre les bulletins météo d’antan pour émettre un avis de coup de vent ! Et se mettre à l’abri…

Les hirondelles du printemps

Elles n’auront pas tenu leurs promesses : les chiffres du début d’année laissaient espérer une stabilisation du chômage, sinon une décrue. Las ! La croissance nulle du deuxième trimestre a fait bondir le nombre de sans-emploi. Au point d’atteindre 3,424 millions en catégorie A et le chiffre astronomique de 5,386 millions en catégories A, B, C. Et même si la situation se dégrade moins pour les jeunes, elle reste insupportable pour la société, s’agissant de celles et ceux qui en constituent l’avenir. Surtout, la durée du chômage s’allonge : le nombre des inscrits en catégories A, B, C depuis un an ou plus a crû de près de 10 % en douze mois ! L’ancienneté moyenne de ces inscrits est désormais de 529 jours, et ceux qui réussissent à sortir de ces listes y seront restés 273 jours, voire 500 s’ils ont plus de 50 ans, dans l’attente d’une retraite en forme d’eldorado triste. Des chiffres qui traduisent mal les angoisses et les peines, au-delà des abus de quelques profiteurs du système, mais qui permettent de comprendre la baisse de la consommation des ménages : un cercle vicieux.

Que faire ?

Que faire ? disait un certain Vladimir Ilitch. Certainement pas se dire que l’on a tout essayé, alors que depuis quarante ans nous n’avons fait, pour l’essentiel, qu’un traitement social du chômage. Mais reconnaître que ce que l’on a essayé n’a pas marché. Il n’est pas répréhensible d’avoir pensé que le travail pouvait se partager et de l’avoir expérimenté. C’est, par contre, désastreux de transformer cette idée en conviction et cette expérience en paradigme. Pourquoi ne pas reconnaître que les buts recherchés n’ont pas été atteints ?

Depuis quelques mois, de très nombreuses mesures ont été imaginées, négociées, mises en place, a priori positives. D’autres le seront prochainement, comme la fusion nécessaire du RSA et de la prime pour l’emploi. Mieux vaut tard que jamais. Quand seront appréciés leur difficulté de mise en œuvre, leur coût net, leur efficacité intrinsèque ? Quand celles qui n’auront servi à rien seront-elles supprimées ? En expliquant la raison de leur suppression, sans pour autant stigmatiser leurs géniteurs, qui ne manqueraient pas, en ce cas, d’invoquer pour la défense de leur précieuse mesure leurs qualités de cœur…

Auteur

  • Dominique-Jean Chertier