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Édito

Les corporatismes contre les réformes

Édito | publié le : 03.10.2014 | Jean-Paul Coulange

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Les corporatismes contre les réformes

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Les Français sont incorrigibles. Scrutin après scrutin, ils sanctionnent François Hollande pour son immobilisme, son manque de vision, son insuffisance d’audace dans les réformes qu’imposent la situation économique et l’état des finances publiques. Or, jour après jour, notre pays démontre qu’il est incapable d’en finir avec ses vieux démons. Plus que jamais la France ressemble à une somme de corporations promptes à venir présenter leur cahier de doléances à Paris et à tendre la sébile.

N’est-il pas édifiant le spectacle des pilotes d’Air France votant la grève comme un seul homme ? Se souvient-on qu’en 1994 l’État, autrement dit le contribuable, a recapitalisé la compagnie, alors exsangue, en y injectant l’équivalent de 3 milliards d’euros actuels. Ce qui n’a pas empêché les mêmes (ou presque) de cesser le travail en 1998 pour défendre leurs salaires - dont on ne commentera même pas ici le niveau - à la veille de la Coupe du monde de football. Les voici aujourd’hui farouchement opposés à l’offensive lancée par Air France pour contrer l’envolée des EasyJet et Ryanair, en créant sa propre compagnie low cost, Transavia. Dumping social, délocalisation, crient-ils au P-DG, Alexandre de Juniac, qui souhaite augmenter la flotte de Transavia France par transfert de pilotes sur la base du volontariat, sans diminution de salaire, et créer Transavia Europe, à partir de grandes villes européennes, avec des navigants supplémentaires, recrutés aux conditions locales. Les P-DG d’EasyJet, Carolyn McCall, et de Ryanair, Michael O’Leary, qui ont dégagé chacun plus de 500 millions d’euros de bénéfices en 2013, peuvent sabler le champagne…

Que dire de ces professions réglementées que l’on voit défiler depuis la rentrée ? Ces notaires, ces huissiers, ces pharmaciens qui redoutent de voir disparaître leur rente de situation. On les comprend. La rentabilité de leur activité est 2,4 fois supérieure à celle du reste de l’économie. Sur 100 euros d’honoraires, le bénéfice net d’un notaire représente plus d’un tiers ! Quant aux pharmaciens, ils ont trouvé le moyen imparable de compenser la baisse des prix des médicaments remboursables : augmenter ceux des médicaments non remboursables. Moyennant quoi le tarif de l’Humex a bondi deux fois plus vite que le coût de la vie depuis quinze ans. Ajoutons au tableau la révolte des intermittents contre une convention d’assurance chômage qui est loin de les faire rentrer dans le droit commun, ou la mobilisation des inspecteurs du permis de conduire contre les projets ministériels visant à raccourcir les délais pour passer l’examen. Qu’elle semble étroite la voie de la réforme, de la baisse des dépenses publiques et du désendettement lorsque les intérêts catégoriels priment sur l’intérêt général !

Auteur

  • Jean-Paul Coulange