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Les pistes du BTP pour relancer l’apprentissage

Le journal des RH | Formation | publié le : 03.09.2014 | Valérie Grassset-Morel

Défiance des employeurs à l’égard des jeunes, lutte contre le décrochage des apprentis : le BTP expérimente des solutions pour lever les freins non financiers au développement de l’apprentissage.

Le 18 juin, 20 000 apprentis du bâtiment et des ­travaux publics ont défilé dans l’Hexagone, coiffés d’un casque jaune et brandissant des banderoles vantant les atouts de l’apprentissage et leur motivation. « Il n’y a pas de meilleurs ambassadeurs de cette filière que les apprentis eux-mêmes », souligne le CCCA-BTP, le réseau d’animation de l’apprentissage dans le BTP, qui est à l’origine du Mouvement des casques jaunes. Une nouvelle journée d’action est prévue en septembre pour convaincre les patrons du BTP d’embaucher des apprentis. Nombreux sont les jeunes de ce mouvement à ne pas avoir trouvé d’entreprise. Un comble dans un secteur caractérisé par une forte tradition de l’apprentissage. « Marqués par la littérature sur la génération Y, certains employeurs ont peur d’être confrontés à des jeunes rebelles qui pourraient remettre en cause leur autorité », explique le CCCA-BTP.

Des jeunes sont tentés par l’apprentissage mais les entreprises ne les jugent pas immédiatement employables. Le BTP-CFA Haute-Normandie propose une formation de préapprentissage dans le cadre de la préparation opérationnelle à l’emploi collective (Poec), en partenariat avec les missions locales, Pôle emploi et l’Opca Constructys. Au printemps dernier, une soixantaine de jeunes ont bénéficié de ce dispositif qui les a rendus « apprentissables », selon l’expression de Benoît Elouard, le secrétaire général du BTP-CFA Haute-Normandie. L’objectif était de leur permettre, dans le cadre d’une alternance en centre de formation (175 heures) et en entreprise (84 heures), de « préciser la faisabilité de leur projet professionnel, de vérifier leur motivation et d’acquérir les aptitudes nécessaires à une immersion réussie en entreprise ». Plus de la moitié des jeunes (55 %) ont décroché un contrat à l’issue de cette préparation. Cet automne, ce sont des étudiants décrocheurs souhaitant intégrer le BTP par l’apprentissage qui profiteront d’une Poec.

Mais, une fois entré en apprentissage, il faut s’y maintenir. Or un quart des apprentis abandonnent leur formation en cours de route. Pour lutter contre ce décrochage, le BTP-CFA Haute-Normandie propose un accompagnement pédagogique spécifique doublé d’un appui socio-éducatif dans le cadre d’un parcours d’intégration, depuis l’entretien de recrutement jusqu’à la fin du contrat. « L’entreprise doit être un vrai lieu de formation. Le maître d’apprentissage doit être lui-même formé et doté d’outils pragmatiques », insiste le directeur du CFA de Rouen, Richard Prades.

L’étape clé de ce parcours est une rencontre tripartite tous les six mois entre le formateur référent, le maître d’apprentissage et l’apprenti. Quatre ans après le lancement de ce suivi individualisé, le taux d’abandon des apprentis du réseau BTP-CFA Haute-Normandie a baissé de quatre points (20 % contre 24 %).

Auteur

  • Valérie Grassset-Morel