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Édito

Ne dites pas à ma mère que je suis notaire…

Édito | publié le : 03.09.2014 | Jean-Paul Coulange

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Ne dites pas à ma mère que je suis notaire…

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Et si, hormis le buteur allemand qui a offert à la Mannschaft la Coupe du monde de football, l’homme de l’été était Jacques Attali ? La lecture des 316 propositions de sa commission pour la libération de la croissance française, remises en janvier 2008 à Nicolas Sarkozy, est édifiante : facilitation du travail du dimanche, augmentation du nombre de taxis et ouverture des professions réglementées, suppression des départements, accroissement de l’offre de logements sociaux… L’inventaire du rapport rédigé par l’ancien sherpa de François Mitterrand coïncide, à s’y méprendre, avec le tableau de marche du gouvernement Valls II pour les mois à venir. Si l’on ajoute à ce catalogue la création de class actions à la française, le transfert vers l’impôt des cotisations d’allocations familiales actuellement à la charge des entreprises ou la réduction des dépenses publiques – Attali préconisait 20 milliards par an pendant cinq ans, Hollande s’est limité à 10 –, le parallèle est saisissant. L’actuelle majorité n’est pas la seule à s’être inspirée des travaux d’Attali. François Fillon en avait fait, lui aussi, ses choux gras en instaurant la rupture à l’amiable du contrat de travail, en créant le régime d’autoentrepreneur ou en facilitant le cumul emploi-retraite et la poursuite d’activité après 65 ans, avec la réforme de 2010.

Loin de nous l’idée que Jacques Attali gouvernerait en sous-main la France. Ou que François Hollande comme Nicolas Sarkozy n’ont puisé que dans cette boîte à idées pour doper la croissance. Le dernier nommé a parié sur la relance de la demande en injectant du pouvoir d’achat par l’intermédiaire de la loi Tepa de 2007 tandis que son successeur a joué la carte de l’offre avec le pacte de responsabilité. Mais l’un et l’autre ont appris qu’il était difficile de privilégier les ménages sans faire un geste pour les entreprises. Et vice versa. C’est comme cela qu’il faut analyser les récentes mesures annoncées par François Hollande. On peut légitimement douter que la déréglementation des professions de pharmacien, d’huissier ou de notaire permette de redonner des milliards d’euros aux Français en faisant baisser de, parfois, 20 % les tarifs des services concernés, ou de « libérer » 120 000 emplois. Mais la tactique du bouc émissaire est vieille comme le monde.

Plus surprenante, en revanche, est la confirmation, par le président de la République, d’une offensive sur les seuils sociaux. L’exécutif croit-il vraiment que le patronat acceptera de faciliter la représentation syndicale dans les PME, tandis qu’en échange les syndicats céderont sur l’assouplissement des seuils de 10, 20 ou 50 salariés qui, lorsqu’ils sont franchis, renforcent les droits des salariés et les obligations pour les entreprises ? On ne pariera pas un kopeck sur l’issue d’une telle négociation. Et l’on souhaite bien du plaisir au ministre qui irait défendre un texte ad hoc devant le Parlement.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange