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Le cégétiste en pleine lumière

Actu | Eux | publié le : 03.09.2014 | Stéphane Béchaux

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Le cégétiste en pleine lumière

Crédit photo Stéphane Béchaux

Succéder à une bête de scène n’est jamais chose aisée. Au sortir de l’été 2013, le petit monde de la culture attendait donc avec une certaine curiosité, mêlée d’appréhension, l’intronisation de Denis Gravouil au poste de secrétaire général de la CGT Spectacle. Normal. Voilà vingt-cinq ans que le fauteuil était occupé par le bateleur Jean Voirin, aussi à l’aise pour haranguer les foules que pour signer des accords. Leader du Syndicat des professionnels des industries de l’audiovisuel et du cinéma, son remplaçant n’avait guère eu, lui, l’occasion de se retrouver sous les projecteurs. Sauf lors de la très longue lutte pour la négociation, la conclusion puis l’extension d’une nouvelle convention collective du cinéma, qui a profondément déchiré la profession en 2012 et 2013. En cause, des grilles de salaires jugées trop généreuses par les producteurs de films d’auteur.

Un an plus tard, voilà le camp patronal rassuré par ce directeur de la photographie de 44 ans. « On avait le souvenir d’un gars assez dur, idéologue. Mais il se révèle pragmatique, avec une vraie vision politique », commente un dirigeant de la Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma. « Il n’est pas dans les effets de manche, son calme fait du bien. Et on sent une vraie continuité dans le fonctionnement de l’organisation », abonde une représentante du spectacle vivant. Parmi les employeurs, on sait gré au nouveau leader d’avoir su canaliser, cet été, le mécontentement né de la nouvelle convention Unedic. En jouant habilement de l’appel à la grève, mais sans mettre en péril le fragile équilibre économique du secteur. Un exercice ô combien délicat pour qui doit compter avec la très vindicative Coordination des intermittents et précaires. « On ne voulait pas d’un mouvement minoritaire. Il n’était pas question que les professionnels s’opposent entre eux », justifie l’intéressé.

Salué pour sa performance estivale, Denis Gravouil n’a pas pour autant levé tous les doutes. Loin de là. Car la suite de la pièce sur les intermittents s’écrit cet automne, avec la reprise de la concertation sur leur régime d’assurance chômage. « C’est un homme direct, avec lequel il est agréable de discuter. Mais quel degré de liberté a-t-il par rapport à ses troupes ? Et quelles concessions la CGT est-elle prête à faire sur ce dossier ? » questionne l’un des acteurs clés du chantier en cours. La fédération a beau signer quantité d’accords dans les branches, son fonctionnement et son corpus doctrinal restent opaques. Seule certitude, l’organisation, composée de 12 syndicats très autonomes, tous dirigés par de fortes têtes, ne se mène pas à la baguette.

Sur le dossier hautement sensible des intermittents, pas sûr que le nouveau patron ait les coudées franches. Ni le cuir souple. « Il n’est pas question d’attendre 2016 pour modifier la convention Unedic, il va falloir passer très vite à la négociation d’un avenant. Sinon, cette concertation, c’est de l’enfumage », prévient-il. Fin connaisseur du régime d’assurance chômage – il siège pour le compte de sa confédération au bureau de l’Unedic –, Denis Gravouil entend bien faire étudier les propositions que son organisation porte pour une remise à plat du système. Quand bien même celles-ci ne permettent pas de réduire le déséquilibre financier induit par les annexes 8 et 10. Un combat que ce fils d’enseignants encartés à la FSU mène désormais pour les autres. En prenant les rênes de sa fédé­ration, lui a signé l’an dernier… son premier CDI !

Denis Gravouil

Secrétaire généralde la CGT Spectacle.

Denis Gravouil

Secrétaire généralde la CGT Spectacle.

1991

Diplômé de l’école Louis-Lumière.

1999

Secrétaire général du Syndicat national des techniciens et réalisateurs (SNTR CGT).

2013

Représentant de la CGT au bureau de l’Unedic.

Diplômé de l’école Louis-Lumière.

1999

Auteur

  • Stéphane Béchaux