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Les facs, pionnières des « cliniques juridiques »

Le journal des RH | Formation | publié le : 04.06.2014 |

Courantes en Amérique du Nord et en Europe, les « cliniques juridiques » séduisent de plus en plus la France.

Les deux bureaux et les quelques chaises destinés à l’accueil du public ne remplissent pas encore complètement l’espace de cette petite permanence. Qu’importe, les portes de la « clinique juridique » de l’université Paris 8 sont déjà ouvertes aux particuliers qui souhaitent se renseigner sur leurs droits ou préoccupés par des démarches juridiques à accomplir. Ils ne sont pas reçus par des juristes professionnels mais par des étudiants de l’UFR de droit. Cette pratique, inspirée des law clinics nord-américaines, Benjamin Pitcho, maître de conférences, l’adapte à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Dans un département marqué par la pauvreté, où entreprendre des démarches juridiques n’a rien d’évident, l’initiative remporte un franc succès. « Après que les médias nous ont fait connaître, les gens faisaient la queue dans le couloir », raconte-t-il. La dizaine d’étudiants volontaires n’a pas chômé : depuis octobre 2013, une centaine de personnes ont été reçues et 90 dossiers traités. À eux d’écouter les clients et d’enregistrer leurs attentes. Puis de leur rendre un avis sous deux semaines, relu par l’équipe enseignante. L’innovation pédagogique est réelle, pour Benjamin Pitcho : « On fait le lien entre l’enseignement théorique et la mise en pratique. » Une « préprofessionnalisation » qui doit permettre aux étudiants de mieux profiter de leurs stages plutôt que d’être relégués à « de la recherche pure » une fois en cabinet d’avocat.

Dans l’enseignement supérieur, ils ne sont qu’une poignée à avoir adopté la formule. Mais chacun à sa manière. Par exemple, la faculté de droit de Montpellier propose de défendre les droits des consommateurs.

Du côté des grandes écoles, l’école de droit de Sciences po travaille, comme Paris 8, sur l’accès à la justice du grand public. Elle envoie notamment ses étudiant dans les maisons de justice et de droit (MJD) de Paris. Après un stage d’observation conventionné d’un mois à plein temps, ils font de l’« accueil renforcé », bénévole, pendant un semestre, une demi-journée par semaine. « Il nous a fallu deux ans de négociations pour conclure une convention avec les MJD. Le barreau a résisté, doutant de la valeur ajoutée de cette démarche », explique Marie Mercat-Bruns, responsable pédagogique du programme. Paris 8 assume sa dimension sociale et projette de nouer des partenariats avec des collectivités : « Nous ciblons davantage les lieux qui, précisément, ne bénéficient pas encore de point permettant de délivrer une information juridique », explique Benjamin Pitcho.

D’autres universités conçoivent clairement la clinique comme un tremplin vers l’emploi : les étudiants de la clinique juridique des droits de l’homme de l’université de Caen Basse-Normandie produisent ainsi des rapports à destination des institutions. Enfin, la clinique de HEC sur l’Union européenne, ouverte en janvier 2014, familiarise ses étudiants au lobbying. C. A.