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Idées

Et pourquoi pas le travail le lundi aussi ?

Idées | Bloc-notes | publié le : 04.06.2014 | Dominique-Jean Chertier

Un mois de ponts

Un éminent ministre eut récemment, à peine nommé, l’étrange idée de rouvrir le récurrent débat sur le travail du dimanche. Ce ne furent que cris d’effroi de ceux qui refusent de travailler ce jour-là et cris d’indignation de ceux qui veulent que les autres travaillent. L’ironie tient au fait que la proposition fut faite la veille d’un mois de mai, où quelques jours de travail allaient discrètement ponctuer une succession de week-ends, de ponts et de viaducs. Avant un mois de juin guère plus laborieux, et deux mois estivaux de repos bien mérité ! Qui dira la production perdue par le pays du fait de cette activité pour le moins réduite ? Que ceux qui planchent sur la réforme des rythmes scolaires se rassurent : la France l’a déjà globalement adoptée.

Les stratégies fatales

Dans son ouvrage publié en 1983, Jean Baudrillard, pour illustrer les « stratégies fatales », évoque la politique en faveur des vétérans handicapés moteurs conduite par les États-Unis au lendemain de la guerre du Vietnam. Elle consistait à abaisser les trottoirs aux endroits des carrefours pour permettre le passage des fauteuils roulants. Le résultat fut une augmentation dramatique du nombre d’accidents de vétérans aveugles qui ne pouvaient plus différencier la chaussée du trottoir.

Le modèle social français regorge de ces stratégies fatales. Le dernier exemple en date concerne l’emploi à domicile : pour améliorer les comptes sociaux et les droits des salariés, les gouvernements (ils s’y sont mis à plusieurs successivement) ont supprimé les abattements de cotisations patronales, puis le système des déclarations au forfait. De bonnes intentions suivies d’un effondrement sans précédent de l’emploi à domicile et, sans doute, d’une explosion du travail au noir ou au gris, au détriment des travailleurs concernés.

Les hirondelles du printemps

Une éclosion de bonnes nouvelles, enfin : le chômage des jeunes semble avoir cessé de s’aggraver. L’industrie sidérurgique, parmi les indicateurs avancés, anticipe une reprise en Europe. Le CICE, l’une des vraies bonnes idées de ces dernières années, ne paraît pas devoir être remis en cause. Une étude sérieuse et bien documentée du cabinet McKinsey confirme la possibilité de la création de plus de 1 million d’emplois d’ici à 2018 : certains secteurs vont croître et d’autres décroître. Mais les moyens de formation et de qualification pour accompagner et anticiper ces mutations seront-ils au rendez-vous ?

Nos entreprises intéressent les capitaux et les groupes étrangers, mais pas les fonds de pension français… attendons qu’ils existent : c’est sans doute qu’elles valent quelque chose, que leurs marchés, leurs talents, leurs produits comptent encore. Pour peu que l’on consacre plus de temps à les aider qu’à les dénigrer.

L’Allemagne est en chemin pour rattraper la France en matière de coût du travail. Les États-Unis d’Amérique discutent de la création d’un salaire minimum fédéral. Dans le secteur privé en Chine, le salaire moyen a crû encore de 12 % en 2013 (contre 14 % en 2012 et 17 % en 2011). Il ne nous reste plus qu’à convaincre tous ces compétiteurs des bienfaits des 35 heures !

Une très mauvaise nouvelle, par contre : le projet de réforme territoriale devrait mécaniquement entraîner la division par deux des conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux. Le dialogue social va souffrir terriblement !

Auteur

  • Dominique-Jean Chertier