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Idées

Devenir le maillon faible

Idées | Culture | publié le : 04.06.2014 | Annne Fairise, A.-C. G.

Dans leur dernier film, les frères Dardenne dressent un portrait sans fard du monde du travail où la solidarité se délite.

Faut pas qu’tu pleures », se répète en boucle Sandra. La jeune femme doit reprendre son travail à l’usine après une dépression, quand elle apprend que ses collègues ont voté pour une réduction des effectifs et… son licenciement en échange d’une prime de 1 000 euros. Son erreur : être le maillon faible. Manu, son mari, va la convaincre d’aller voir un à un tous ses collègues pour leur demander de renoncer à cette prime. De portes en Interphone, Sandra, tétanisée par la peur, assommée d’anxiolytiques, va plaider sa cause. Quand certains n’hésitent pas à revenir sur leur vote, d’autres, endettés, refusent. Parfois violemment.

Le dernier film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, sélectionnés pour la sixième fois au Festival de Cannes et déjà détenteurs de deux Palmes d’or (Rosetta en 1999 et l’Enfant en 2005), dresse un portrait sombre et déprimant d’un monde du travail en crise et de ses effets insidieux sur les travailleurs : repli sur soi, solidarité écornée. Les réalisateurs montrent sans les juger des salariés qui se débattent avec leur conscience. C’est aussi le portrait d’une femme qui va redresser la tête et retrouver sa dignité dans sa démarche. Le film surprend par sa lenteur, alors que le destin de Sandra se joue en deux jours et une nuit. Il déstabilise aussi, tant il est proche d’un docu-fiction. Marion Cotillard, aux antipodes de ses rôles hollywoodiens, y est finalement crédible.

Deux Jours, une nuit (1 h 35), film des frères Dardenne, avec Marion Cotillard.Sortie le 21 mai.

Auteur

  • Annne Fairise, A.-C. G.