logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Décodages

“Nous avons un rôle à jouer pour soutenir l’emploi”

Décodages | Management | publié le : 04.06.2014 | Frédéric Devalle, Anne-Cécile Geoffroy

Quelle est la stratégie de développement de Pizzorno Environnement ?

Nous gagnons des marchés en dehors du Var, berceau de l’entreprise, suivant une ligne qui va de Draguignan au Havre, en privilégiant les grandes villes. Déjà présents dans le 15e et sur les Champs-Élysées, nous venons de remporter les 10e et 18e arrondissements parisiens. En termes d’investissement, cela représente près de 8 millions d’euros. Nous avons par ailleurs modernisé notre centre de tri situé près de Grenoble-Alpes Métropole pour en faire l’un des plus performants de France. Ce métier demande de très lourds investissements. L’entreprise peut aujourd’hui financer son développement. Mais nous devons faire des choix. Si nous sommes présents en Mauritanie, en Tunisie, au Maroc, où nous réalisons la collecte des déchets de Marrakech, nous souhaitons concentrer notre développement sur le marché national.

La technologie bouleverse-t-elle vos métiers ?

Notre activité est en pleine mutation. D’un métier manuel, nous passons à un métier de haute technologie. Nous avons développé avec nos fournisseurs des machines de tri optique très performantes. Aujourd’hui, les techniques disponibles nous permettraient d’automatiser à 100 % nos centres. Nous ne voulons pas faire ce choix. Nous privilégions un mix hommes-machines. Pizzorno est un intégrateur social important dans les bassins économiques où l’entreprise est présente.

Est-ce un handicap d’être une entreprise familiale dans votre secteur ?

Contrairement à certains de nos concurrents, nous n’avons pas à nos côtés la Caisse des dépôts et consignations. Nous vivons de notre trésorerie et de nos investissements. Nous sommes restés une entreprise familiale indépendante, bien que cotée en Bourse. Neuf personnes composent le conseil de direction, dont trois sont de la famille Pizzorno. Les circuits de décision sont donc très courts. Et nos actes ne sont pas guidés par la recherche d’une rentabilité à outrance. Ce qui nous importe, c’est la qualité du service rendu. Cette qualité, ce sont les salariés qui la créent. Pour qu’ils travaillent bien, il faut qu’ils soient bien dans l’entreprise, et nous y veillons.

La France fait-elle ce qu’il faut pour favoriser le développement des ETI ?

On a le sentiment de vivre dans une France à deux vitesses. D’un côté, les très grandes entreprises, fortement subventionnées ; de l’autre, les petites qui créent de l’emploi mais qui vivent sous la contrainte de plus en plus forte des contrôles divers et variés de l’État. Le chiffre d’affaires ayant progressé de plus de 8 % l’an dernier, nous devons nous adapter à la pesanteur administrative, ce qui nous prend beaucoup trop de temps au détriment du développement de l’entreprise. Surtout, on ressent toujours un sentiment de suspicion envers les entrepreneurs.

Le pacte de responsabilité va-t-il dans le bon sens ?

Tout ce qui est fait pour promouvoir l’emploi va dans le bon sens. Mieux vaut baisser les charges sur les salaires plutôt que de laisser des actifs au chômage. En tant qu’acteur économique local, nous avons un rôle à jouer pour soutenir l’emploi dans les villes et les régions avec lesquelles nous travaillons. Que ce soit à Paris ou à Draguignan, nous privilégions des industriels locaux dans tous les domaines.

Vous sentez-vous représenté par les syndicats patronaux ?

Nous siégeons à la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement, et nous adhérons au Medef international. Mais nous sommes plus actifs au sein du groupement des Entrepreneurs de la filière déchet, où se retrouvent les PME de notre secteur d’activité. Les très grandes entreprises ont la main sur les instances patronales. Et nous ne portons pas toujours les mêmes messages, ni les mêmes valeurs. Quand on regarde du côté allemand, les entreprises de taille intermédiaire comme la nôtre font l’essentiel de leur chiffre d’affaires à l’international. Or, jusqu’ici, nous avons défriché seuls ces marchés.

Frédéric Devalle 50 ans.

1985

Débute dans le négoce de matériaux.

1995

Intègre Pizzorno Environnement : directeur des exploitations.

2004

Directeur de la branche propreté urbaine.

2009

Directeur général délégué.

Auteur

  • Frédéric Devalle, Anne-Cécile Geoffroy