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Idées

La fin des paysans belges

Idées | Culture | publié le : 05.05.2014 | A. F.

Jean-Jacques Andrien décrit la crise existentielle des producteurs de lait, pris dans la nasse de la politique des quotas.

On assiste rarement à la traite d’une vache par un robot, qui lui brosse les pis puis les balaie d’infrarouges pour positionner les gobelets trayeurs. C’est l’une des images marquantes d’Il a plu sur le grand paysage, le dernier documentaire de Jean-Jacques Andrien. Elle interpelle, justement parce que le réalisateur belge a pris, jusqu’alors, du temps pour nous montrer le travail des agriculteurs avec leur troupeau, et leur attachement aux animaux. Avec la robotisation, « on finit par ne plus connaître les bêtes », s’alarme un des neuf exploitants interrogés, même s’il juge que ce peut être une solution face à la pénurie de bras.

De quoi sera fait, demain, le métier des producteurs de lait ? Surtout après avril 2015 qui sonnera la fin des quotas laitiers en Europe et d’une gestion administrative qui a déjà transformé les paysans d’hier, fiers et indépendants, en métayers contraints de s’endetter pour se moderniser, s’agrandir, rester dans la course ? Aucun des agriculteurs ici longuement interviewés ne le sait, sinon pour dire que le combat sera rude. N’attendez pas pour autant un tableau sur un monde finissant : le film de Jean-Jacques Andrien nous montre les peurs comme les rêves d’hommes depuis toujours durs à la tâche. Poignant, il est aussi magnifiquement tourné, en 35 millimètres, et cadré par Yorgos Arvanitis (ex-directeur photo de Theo Angelopoulos), dont les plans brumeux ou enneigés n’ont rien à envier aux maîtres de la peinture flamande.

Il a plu sur le grand paysage, de Jean-Jacques Andrien (100 min). Sortie le 14 mai.

Auteur

  • A. F.