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Édito

Changement de méthode

Édito | publié le : 05.05.2014 | Sandrine Foulon

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Changement de méthode

Crédit photo Sandrine Foulon

Après la déroute socialiste aux municipales et avant celle, annoncée, pour les européennes, François Hollande aurait pu rassurer ses électeurs de gauche, naguère emballés par son discours du Bourget. Pour plus de « justice sociale », il aurait pu choisir de mener des réformes structurelles, à commencer par une vraie « remise à plat fiscale » furtivement esquissée par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault et aussitôt enterrée. Le chef de l’État pouvait piocher quelques idées dans les ouvrages de Thomas Piketty, chantre de la taxation des hauts revenus, davantage encensé par la gauche américaine et ses Nobels d’économie qu’en son propre pays. Plus audacieux encore, il aurait pu aller chercher du côté des paradis fiscaux, un filon à creuser pour remplir les caisses de l’État.

Au lieu de mener une politique sociale-démocrate, terme que le président avait fini par assumer vingt et un mois après son arrivée à l’Élysée, François Hollande ancre sa saison 2 dans le social-libéralisme. On peut saluer sa détermination à s’attaquer au déficit de l’État, au « millefeuille territorial », au gel du point d’indice des fonctionnaires et à celui de certaines prestations sociales, au risque de s’aliéner, encore plus, son cœur électoral. On peut aussi se féliciter qu’il soutienne, à raison, les entreprises « qui sont celles qui créent des emplois ». Mais, hormis la réforme de l’État, sa politique se résume à aller grignoter les milliards un à un.

Dans une de ses dernières saillies dont il a le secret, Daniel Cohn-Bendit a qualifié le gouvernement Valls de nouveau « bocal » mais avec « les mêmes cornichons ». Là où l’ancien député européen fait fausse route, c’est sur la méthode. L’hôte de Matignon change de braquet. Même en situation d’urgence, le précédent gouvernement avait placé son mandat sous le signe du dialogue social. Si l’on excepte le pacte de responsabilité, les partenaires sociaux ont été associés aux réformes (loi de sécurisation de l’emploi, formation professionnelle, concertation sur les retraites…). Désormais, Manuel Valls impose un calendrier, accélère le tempo, comme Nicolas Sarkozy en son temps. Les syndicats, qui ont déjà accepté la désindexation des retraites complémentaires et qui viennent de signer une nouvelle convention d’assurance chômage, sont invités à revoir leur copie. Concernant le gel des pensions ou celui du point d’indice, le Premier ministre compte bien se passer de conciliabules syndicaux. Certes, les centrales descendront bien toutes dans la rue le 15 mai pour défendre le pouvoir d’achat des fonctionnaires ; certes, le gouvernement n’est pas à l’abri d’un embrasement sur le mode des Bonnets rouges, mais les syndicats n’ont plus beaucoup de cartouches à tirer. Depuis la réforme des retraites de 2010, les grands mouvements de grève ont lassé les foules et les partenaires sociaux sont surtout à court de contre-propositions. Manuel Valls pourrait bien profiter de cette faiblesse pour avancer ses pions. La prochaine grande conférence sociale prévue pour début juillet promet d’être tendue.

Retrouvez la chronique de Sandrine Foulon « Ma vie au boulot » dans l’émission d’Alexandra Bensaid « On n’arrête pas l’éco », tous les samedis à 9 h 10, sur France Inter.

Auteur

  • Sandrine Foulon