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Décodages

“Ce dont les entreprises ont besoin, c’est de stabilité”

Décodages | Management | publié le : 05.05.2014 | Éric Hémar

Comment gérez-vous la très forte croissance de l’entreprise ?

Nous sommes une entreprise très décentralisée. Notre problématique est de toujours conserver une réactivité locale forte. Que ce soit en Russie, en Argentine ou en France, nos patrons de site ont besoin d’être proches des clients. Il faut donc se doter de process communs pour éviter de se retrouver avec 180 PME à gérer au sein du groupe. Avec nos clients, nous avons identifié 17 bonnes pratiques, en termes de sécurité, par exemple, qui nous permettent d’être sûrs que les sites sont performants. Nous les faisons certifier par des audits externes surprises pour mesurer la qualité de nos prestations.

Avez-vous des difficultés à recruter ?

La main-d’œuvre représente 50 % de nos coûts. C’est donc un sujet clé pour nous. Nous ne sommes plus perçus comme un métier de « pousse-colis ». Le secteur est plus mature, les technologies ont fait évoluer nos métiers de plus en plus mécanisés. Nous avons besoin d’ingénieurs spécialisés ou généralistes capables de répondre à des appels d’offres ou d’assurer des fonctions managériales de site. Nous travaillons donc beaucoup sur la qualité du recrutement, la formation et notre capacité à proposer des évolutions de carrière.

Pourquoi êtes-vous entré au comité directeur de la Fédération des entreprises de transport et logistique en octobre ?

J’aimerais poursuivre le chantier de l’autonomisation de la convention de la logistique par rapport au transport. Notre convention doit devenir pleine et entière avec une traduction en termes de formation et de salaires. Mon propos n’est pas de casser tout lien entre ces deux secteurs car des passerelles communes existent avec le transport. Mais une convention propre à la logistique pourrait avoir un avantage pour nos activités très concurrentielles.

Sur le site PSA d’Aulnay-sous-Bois, vous avez annoncé la création de 540 emplois réservés aux anciens salariés du constructeur. Où en est le dossier ?

Nos permis de construire sont en cours d’instruction. Mais je suis plus déçu par le volet social. Nous avons signé un accord avec PSA pour recruter en CDI 540 anciens salariés tout en maintenant partiellement leur rémunération. Au final, seuls 10 sont entrés dans le plan, une cinquantaine d’anciens salariés ont choisi de quitter PSA et sont ensuite venus nous voir. Depuis, nous multiplions les forums de recrutement et les partenariats avec des acteurs du bassin d’emploi. Nous travaillons avec la mairie d’Aulnay, la maison de l’emploi et les agences d’intérim pour préparer cette ouverture en 2015.

La logistique est-elle sensible aux baisses de charges sur les salaires ?

Lorsqu’il s’agit de répondre à un contrat franco-français, nos concurrents ont les mêmes obligations que nous. En revanche, quand de grands industriels souhaitent se doter d’un centre logistique européen, ils entrent dans des logiques de coûts globaux, comparent les pays entre eux, et les baisses de charges sociales peuvent faire la différence. Mais ce dont les entreprises ont le plus besoin, c’est de stabilité. Si les règles du jeu changent constamment, cela devient périlleux. En 2013, nous avons dû changer notre système d’intéressement trois fois pour suivre la réglementation. Aujourd’hui le CICE a compensé les hausses de charges liées à la révision des allégements Fillon, qui se sont considérablement durcis. Le CICE existe, il est fait, gardons-le.

Que pensez-vous de la nouvelle loi sur la formation professionnelle ?

Des entreprises comme les nôtres dépassent les obligations réglementaires. La révision des dispositifs légaux a peu d’impact. Je suis plus inquiet sur la création du compte personnel de formation, comme je l’étais concernant le DIF. Donner un droit à la formation déconnecté de l’intérêt de l’employeur, pour le seul bien-être des salariés, ça me choque. Une formation payée par l’entreprise doit l’être au bénéfice de celle-ci et de ses métiers. Un élément clé de notre compétitivité.

Propos recueillis par Anne-Cécile Geoffroy

Éric Hémar

51 ans.

1989

Auditeur à la Cour des comptes puis conseiller référendaire.

1993

Conseiller technique au cabinet du ministre des Transports.

1996

Secrétaire général de Geodis.

2002

P-DG d’ID Logistics.

2013

Entre au comité directeur de l’Union TLF.

Auteur

  • Éric Hémar