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Peut-on améliorer le pouvoir d’achat par la baisse des charges ?

Actu | L’éco du mois | publié le : 05.05.2014 | Sandrine Foulon, Stéphane Béchaux

oui
Arnaud Chéron Directeur du pôle de recherche en économie de l’Edhec Business School

Les charges sociales contribuent à augmenter le coût du travail et à peser sur le pouvoir d’achat des employés. Résultat d’un poids croissant de cette fiscalité, le coût du travail a progressé plus vite en France qu’ailleurs dans la zone euro puisque, depuis 2000, les coûts salariaux unitaires ont augmenté de plus de 25 % en France, contre moins de 10 % en Allemagne. Durant cette période, le salaire horaire est toutefois resté relativement stable. Aujourd’hui, la fiscalité du travail en France représente près de 50 % du coût du travail, contre 35 % dans l’OCDE. Dans ce contexte, la baisse des charges, qu’il s’agisse des contributions employeurs ou employés, est susceptible de simultanément réduire le coût du travail et améliorer le pouvoir d’achat. La question des bas salaires, notamment des travailleurs au smic, doit toutefois être traitée à part.

Dans le cas général, la détermination des salaires résulte d’un processus de négociation qui est à l’origine d’un partage entre l’employeur et l’employé des gains issus de la baisse des charges. Avec donc deux scénarios possibles : une baisse des charges patronales qui favorise l’augmentation des salaires, ou une baisse des charges payées par les salariés qui favorise leur modération. Dans les deux cas, le salaire net des employés s’en trouve relevé, alors qu’en parallèle le coût du travail diminue. Concernant, les plus bas salaires, le processus de négociation apparaît comme peu pertinent et l’existence du smic implique que seule une diminution de la part salariale est susceptible d’améliorer leur pouvoir d’achat. Au bilan, toute baisse des charges peut donc améliorer le pouvoir d’achat, mais cette amélioration ne profite pas nécessairement de la même manière à tous les travailleurs.

non
Mathilde Lemoine Directrice des études économiques et de la stratégie marchés chez HSBC France

Depuis le début de la crise, le pouvoir d’achat des Français a augmenté de 0,4 % par an en moyenne, ce qui est très faible. C’est le résultat d’une modération salariale mais surtout d’une hausse des cotisations et de l’impôt sur le revenu. Toutefois, l’augmentation des prestations sociales a permis d’éviter le recul du pouvoir d’achat. En 2014, la décélération de l’inflation va soutenir le revenu des ménages, mais la faiblesse des revenus d’activité va continuer d’alimenter les inégalités. La réduction des cotisations salariales au niveau du smic ne prendra effet qu’en janvier 2015. Un tel calendrier est symptomatique de l’erreur de raisonnement qui sous-tend la logique des allégements. La réduction des cotisations est un moyen de verser immédiatement du salaire qui aurait dû être perçu plus tard sous forme de prestations. Mais elle n’offre aucune perspective d’amélioration durable du pouvoir d’achat.

Il faudrait pour cela mettre en place une politique d’accroissement de la productivité, en augmentant la qualification moyenne de la main-d’œuvre tout en faisant en sorte qu’elle soit plus homogène. Le maintien ou l’amélioration des capacités cognitives y contribuerait, mais rien n’est prévu. Il aurait mieux valu baisser les cotisations salariales dès juillet 2014 et proposer une formation continue accessible et utile pour les salariés peu qualifiés afin qu’ils ne se retrouvent pas « déclassés ». Certes, il faut gérer la phase de transition en leur redonnant du pouvoir d’achat sans augmenter les coûts de production. Mais, parallèlement, il est nécessaire de changer d’orientation de politique économique pour éviter de connaître le même problème dans quelques années. La baisse des cotisations sociales n’est qu’une avance sur salaire.

POUR EN SAVOIR PLUS

Charges fiscales sur le travail dans l’OCDE

http://www.oecd.org/fr/ ctp/politiques-fiscales/ taxing-wages.htm

Encaissement des Urssaf en 2012

http://www.acoss.fr/ dmdocuments/acoss/ Acoss_Stat_182.pdfx

Bases de données sur les cotisations

www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/bsweb/theme. asp?id=03

Auteur

  • Sandrine Foulon, Stéphane Béchaux