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Patronne culottée des ex-Lejaby

Actu | Eux | publié le : 03.04.2014 | Emmanuelle Souffi

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Patronne culottée des ex-Lejaby

Crédit photo Emmanuelle Souffi

On n’a rien sans rien. Mu riel Pernin le sait bien. Sa ténacité a fini par payer et emporter derrière elle et son atelier de lingerie de luxe un immense élan solidaire. 657 150 euros : c’est le montant des dons des Français aux Atelières, menacées de liquidation faute de fonds propres suffisants. Début mars, devant les caméras de télévision, cette Rhônaise est en colère. « Nous avions besoin de 350 000 euros d’apport bancaire, le prix d’un studio à Paris. Vous vous rendez compte de l’énergie qu’il faut déployer pour une somme si modique pour eux » Celle qui a créé en 2012 Les Atelières, sur la dépouille des ex-Lejaby, s’offusque d’être lâchée par les banques et l’État, un an à peine après le lancement de la production. Cette quinqua, également à la tête de son agence de communication, commence à fatiguer. La course financière pour assurer la survie des 30 Atelières qui accusent 550 000 euros de dettes pour 400 000 euros de chiffre d’affaires en 2013 lui donne des sueurs froides. Cette arrière-petite-fille de fileuse, qui coud ses vêtements à fleurs, ne peut se résigner à la disparition d’un savoir-faire tricolore. D’autant que les clients sont là. Mais la fabrication des petites séries coûte cher. Et la rentabilité demande du temps pour s’installer. « C’est une femme de passion qui la transmet aux autres. Tout est discuté avec les salariés, elle n’a pas touché un euro depuis le début », raconte Nicole Mendez, déléguée syndicale CFDT de Lejaby, avec qui Muriel Pernin a lancé la Scop. « Au-delà de la mondialisation, l’économie, c’est aussi relever ses manches, martèle la chef d’entreprise. On doit essayer d’inventer de nouveaux modèles. »

Sa « start-up » allie passé et modernité. Sur la centaine de Lejaby licenciées, seules cinq ont accepté de partir pour une nouvelle aventure à Villeurbanne (Rhône). « Au bout du énième PSE, elles n’y croyaient plus », excuse la syndicaliste. Pôle emploi leur adresse une centaine de candidats ; 25 sont recrutés et enchaînent sur trois mois de formation. « On ne voulait pas dupliquer les ateliers d’autrefois, mais que les gens soient acteurs dans l’entreprise », poursuit Nicole Mendez. Grâce à l’Insa, Les Atelières dessinent un nouveau modèle de production. Mais la trésorerie fond comme neige au soleil. La BPI rechigne à apporter son soutien sous forme de cautionnement. « Elle est plus un outil de consolidation que d’accompagnement des PME en difficulté, regrette Muriel Pernin. Il faut sortir de l’hypocrisie qui consiste à s’afficher pour le made in France mais sans le soutenir en cas de risque. » La mobilisation des Français et la pression médiatique auront eu raison des réticences bancaires.

Muriel Pernin

P-DG des Atelières.

2012

Fermeture de Lejaby.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi