logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Édito

Le dialogue social à la peine

Édito | publié le : 05.03.2014 | Jean-Paul Coulange

Image

Le dialogue social à la peine

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Cela restera l’une des images fortes du début de l’année sociale : le leader de la délégation cégétiste pour la renégociation de la convention d’assurance chômage, Éric Aubin, déchirant le texte contenant les premières propositions patronales dans les locaux parisiens du Medef… sous l’œil des photographes. Candidat malheureux à la succession de Bernard Thibault, l’homme n’est pourtant pas réputé être un dur de la confédération de la Porte de Montreuil. Venu du secteur privé, et non des remuants bastions du public, il ne craint pas la discussion et milite pour une plus large ouverture de la centrale. Alors, certes, il faut faire la part du symbole et de la posture de début de négociation. Et rappeler que le Medef a frappé très fort en proposant, entre autres, une modulation de l’indemnisation des demandeurs d’emploi en fonction du niveau du chômage. Mais, surtout, la suppression du régime spécifique des intermittents du spectacle en matière d’assurance chômage. Un véritable chiffon rouge pour la CGT, qui représente plus de 70 % des voix dans le spectacle vivant « subventionné ».

Mais il faut voir dans ce raidissement un mauvais signal pour le dialogue social. Car le sauvetage du régime – paritaire – d’assurance chômage, qui devrait dépasser les 4 milliards de déficit cette année, est en jeu. Et la question des intermittents, dont le coût s’élève à plus de 300 millions d’euros pour le régime général, devra, tôt ou tard, être réglée. Au-delà de cette affaire, la CGT cherche visiblement sa route depuis l’élection tourmentée de Thierry Lepaon à sa tête ; l’unité syndicale a volé en éclats depuis belle lurette, comme en témoigne la cacophonique journée d’action du 18 mars organisée par FO, la CGT, la FSU et Solidaires, tout à la fois contre le pacte de responsabilité, pour l’emploi, la défense des salaires. Quant à la CFDT, elle ne peut pas porter, à elle toute seule, la voix de la réforme ­sociale.

Du côté du Medef, le dialogue social, du moins à l’échelon interprofessionnel, n’est pas, on le sait, la tasse de thé de Pierre Gattaz. L’intéressé préférant renvoyer la négociation à son juste niveau, celui de la branche ou de l’entreprise. Ainsi, sur le dossier crucial du pacte de responsabilité, le patron des patrons n’a guère montré d’empressement à rencontrer les organisations syndicales. Celles-ci n’ont été conviées qu’à la fin février, alors que François Hollande attendait les propositions des partenaires sociaux début mars… Un récent sondage d’OpinionWay réalisé pour Société en mouvement, un club de réflexion politique créé par l’ancien ministre Gilles de Robien, montre que les Français sont critiques et sans illusions sur les relations entre syndicats et employeurs, qu’ils jugent, pour 80 % d’entre eux, inefficaces – seuls 5 % considèrent que le modèle français de relations sociales est le meilleur. On ne peut vraiment pas leur donner tort.

Retrouvez la chronique de Sandrine Foulon « Ma vie au boulot » dans l’émission d’Alexandra Bensaid « On n’arrête pas l’éco », tous les samedis à 9 h 10, sur France Inter.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange